François Hollande a marqué mercredi le 3e anniversaire de sa victoire à l'Elysée en prônant «confiance, protection, progrès», malgré des sondages anémiques et l'attente déçue d'une décrue du chômage, condition de sa candidature à une réélection en 2017.

Le président socialiste français, élu le 6 mai 2012 face au conservateur Nicolas Sarkozy, a conclu cette journée par une rencontre avec huit jeunes, à qui il a annoncé diverses mesures pour encourager le service civique encore embryonnaire en France.

«Une société n'a pas le droit de laisser les jeunes douter de leur avenir, c'est pourquoi j'ai fait de la jeunesse une priorité de mon mandat», a-t-il ensuite lancé devant une assemblée de jeunes engagés dans le syndicalisme ou des associations.

Auparavant, lors d'un conseil des ministres, il a fixé trois objectifs à son gouvernement : rétablir la «confiance», assurer la protection des Français «à l'extérieur» alors que l'armée française est engagée dans plusieurs conflits, «à l'intérieur» quatre mois après des attentats djihadistes à Paris, et oeuvrer au «progrès» du pays.

«Sinon ce sont les nostalgiques qui prennent le pas», a-t-il mis en garde.

Le Front national, parti populiste d'extrême droite, a le vent en poupe dans les sondages à deux ans du prochain scrutin présidentiel, sa présidente Marine Le Pen ayant de bonnes chances de se retrouver au second tour.

En revanche, le président stagne toujours à des niveaux historiquement bas dans les sondages. Selon une récente enquête de l'institut CSA, 81% des Français jugent négatif le bilan de ses trois ans à l'Elysée.

«Trois années de tromperies. Quel triste anniversaire!», a lancé Nicolas Sarkozy, qui à la tête de son parti, l'UMP bientôt rebaptisé «Les Républicains», se prépare à la reconquête du pouvoir.

«L'échec le plus flagrant» de François Hollande est «celui du chômage», a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien Le Figaro.

Contrairement à ses promesses de début de mandat, M. Hollande a en effet échoué à faire baisser le chômage, qui a globalement franchi la barre symbolique de 3,5 millions de demandeurs d'emploi.

La «politique de l'offre», notamment les avantages accordés aux entreprises pour relancer l'activité, n'ont pour l'instant pas porté leurs fruits, et malgré une multiplicité de dispositifs (garantie jeunes, service civique, contrats aidés, prime d'activité), le chômage frappe un jeune sur quatre.

Or depuis un an, le chef de l'État le dit et le répète: si le chômage ne recule pas d'ici à 2017, il ne se représentera pas.

Optimisme à tout crin 

Conséquence de cet échec: la gauche est sortie lessivée d'une série d'élections municipales, européennes, sénatoriales et départementales, alors que les régionales de décembre, dernier test avant la présidentielle, s'annoncent tout aussi périlleuses.

Le camp de gauche est aussi miné par les divisions, de la quasi-opposition des communistes à l'éloignement des écologistes jusqu'à la fronde d'une minorité turbulente de socialistes.

La vieille au soir, quelque 200 proches soutiens de François Hollande - ministres, parlementaires, militants - s'étaient réunis à l'Assemblée nationale pour entamer l'indispensable «travail de reconquête» dans les deux ans à venir.

«Nous ne demandons pas au président de la République de renier sa politique, nous lui demandons de la transformer et de l'améliorer en profondeur» car «aujourd'hui la majorité s'est rétrécie» et «notre électorat nous quitte», s'est alarmé mercredi le député frondeur Christian Paul.

François Hollande affiche malgré cela un optimisme à tout crin, multipliant déplacements et rencontres comme s'il était déjà en campagne. Et cela malgré un calendrier international chargé : sous sa présidence, la France est protagoniste de plusieurs dossiers diplomatiques sensibles, dont celui de la crise en Ukraine.

Le président français était aussi en début de semaine dans le Golfe, pour la signature d'un contrat de vente de 24 avions de chasse Rafale au Qatar, et pour une visite en Arabie saoudite où il était «l'invité  d'honneur» d'un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), concrétisant le rôle de «partenaire majeur» de la France dans cette région secouée par une série de crises (Irak, Syrie, Yémen...).