Le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev a été élu sans surprise pour un 5e mandat à la tête du pays le plus riche d'Asie centrale au terme d'un vote qui a tourné au plébiscite faute d'opposition.

Selon la Commission électorale centrale (CEC), le dirigeant de 74 ans, dont un quart de siècle à tête du pays, a recueilli 97,7% des suffrages lors d'un vote marqué par une participation record de 95%.

Les deux autres candidats se sont contentés des miettes, le communiste Tourgoun Syzdykov et l'écologiste Abelgazy Koussaïnov étant crédités respectivement de 1,6% et 0,7% des suffrages.

«La participation record au scrutin montre l'unité du peuple kazakh, son désir de vivre dans un État stable et son soutien envers le programme que je leur ai présenté», a déclaré M. Nazarbaïev dans un discours depuis la capitale, Astana.

Répétant son désir de voir le Kazakhstan devenir l'un des 30 pays les plus développés du monde, le président a ajouté qu'il lui serait «difficile de réussir sans cette confiance» des électeurs kazakhs.

Mais l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont une mission a observé le scrutin, a dénoncé des «restrictions majeures à la liberté d'expression et dans la sphère des médias», regrettant le manque de «choix réel» pour les électeurs kazakhs.

L'Union européenne a demandé aux autorités kazakhes de respecter les recommandations qui seront fournies par l'OSCE dans son rapport sur cette élection, afin que les prochaines élections législatives, prévues pour 2016, «répondent aux standards internationaux», dans un communiqué publié lundi soir.

M. Nazarbaïev s'était «excusé» pour le score obtenu: «Je m'excuse si ces chiffres sont inacceptables pour les pays super-démocratiques. Mais je n'y peux rien. Si j'intervenais, cela ne serait pas démocratique de ma part». Il avait appelé ses concitoyens à participer massivement à ce scrutin, surveillé par plus d'un millier d'observateurs internationaux, pour prouver «de manière convaincante» leur «unité» devant le monde entier.

«Les gens sont venus et ont voté de leur propre gré, non pas parce qu'ils y ont été forcés», a souligné le ministre kazakh des Affaires étrangères, Erlan Idrissov. Il a ajouté à l'AFP : «Nous avons organisé ces élections et essayé de les rendre justes et honnêtes non pas pour satisfaire Vienne ou Bruxelles.»

Le président russe Vladimir Poutine a été l'un des premiers à féliciter M. Nazarbaïev, voyant dans les résultats de l'élection la preuve du soutien de la population à «son combat pour un développement économique et social rapide du Kazakhstan».

Elu président pour la première fois en 1991 - il était le seul candidat -, Noursoultan Nazarbaïev avait été réélu en 1999, 2005 et 2011 avec à chaque fois des scores de plus de 80%. Ces élections n'ont cependant jamais été reconnues comme libres et justes par les observateurs internationaux.

Pas de candidats de l'opposition 

Dimanche, de longues files d'électeurs étaient visibles à Astana, la capitale, et Almaty, la plus grande ville du pays. Certains se plaignaient pourtant d'avoir subi des pressions de leurs employeurs pour aller voter, pratique courante à l'époque soviétique.

«Les jeunes comprennent eux-mêmes leur devoir, personne ne nous force à voter. Nous avons vu des révolutions au Kirghizstan, la guerre en Ukraine. Nous ne voulons pas d'un tel avenir pour le Kazakhstan», a expliqué Goulmira Bardygoulova, étudiante à Almaty, après avoir voté pour M. Nazarbaïev.

Dina Baïdildaïeva, blogueuse et militante des droits de l'homme, accuse les autorités d'avoir créé un système scolaire apprenant aux gens à «être soumis».

L'opposition réelle n'avait présenté aucun candidat, M. Nazarbaïev faisant face à deux candidats considérés comme ses partisans.

Le candidat du Parti communiste, Tourgoun Syzdykov, est un ancien fonctionnaire de province qui s'est notamment distingué par ses propos antimondialisation visant aussi bien Hollywood que les hamburgers et les jeux vidéo. Le troisième candidat, Abelgazy Koussaïnov, avait occupé plusieurs postes ministériels et dirige actuellement la Fédération nationale des syndicats.

«Dans l'ensemble, un accès équitable aux médias a été fourni à tous les candidats, et les électeurs ont pu avoir des informations complètes, fiables et objectives», avait assuré la Commission électorale et l'OSCE dénonçait l'abondance de «panneaux et affiches» publicitaires pour M. Nazarbaïev.

Ce dernier avait convoqué fin février une élection présidentielle anticipée en raison de «difficultés» économiques, alors que le Kazakhstan, allié de Moscou au sein d'une zone de libre-échange, subit de plein fouet la crise économique russe et la chute des cours du pétrole.

Porteur depuis 2010 du titre de chef de la Nation, statut qui lui confère à vie le pouvoir de décider des grandes orientations politiques du Kazakhstan, il avait attendu deux semaines avant d'annoncer qu'il acceptait la proposition de son parti Nour-OTAN de briguer un nouveau mandat.