Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde dimanche l'Occident contre toute tentative de déstabiliser la Russie, en se félicitant d'avoir restauré le statut de puissance mondiale du pays qu'il dirige depuis 15 ans.

Dans un documentaire, diffusé par la télévision publique russe, M. Poutine, filmé dans une salle somptueuse du Kremlin, a accusé les États-Unis, qui ont imposé l'an dernier avec l'Union européenne de sévères sanctions économiques à la Russie, d'avoir des «contacts directs» avec les rebelles islamistes du Caucase du Nord.

Tourné par la chaîne de télévision publique Rossia 1, le documentaire «Président» est consacré aux 15 ans au pouvoir de Vladimir Poutine, qui a été élu en 2012 pour un troisième mandat présidentiel, après avoir été président de 2000 à 2008 et premier ministre en 2008-2012.

Au début des années 2000, «les services spéciaux russes ont observé des contacts directs» entre des rebelles du Caucase du Nord et des représentants des services secrets américains en Azerbaïdjan», y raconte M. Poutine.

La Tchétchénie, qui a affronté la Russie pour son indépendance lors de la première guerre en 1994-1996, a engendré une rébellion qui s'est progressivement islamisée et a débordé les frontières de cette petite république caucasienne pour se transformer au milieu des années 2000 en un mouvement islamiste armé actif dans tout le Caucase du Nord.

La deuxième guerre de Tchétchénie, déclenchée par les forces fédérales en 1999, a officiellement pris fin en 2009. Mais des attaques et explosions visant notamment les représentants des forces de l'ordre dans le Caucase restent fréquents.

«Il y a des gens, surtout dans les services secrets des pays occidentaux, qui croyaient que si on déstabilisait leur principal rival géopolitique - et maintenant nous comprenons que pour eux, c'était la Russie - cela serait à leur profit. Mais il s'est avéré que ce n'était pas le cas», a indiqué M. Poutine.

«En aucun cas, jamais et nulle part, il ne faut essayer d'utiliser les terroristes pour résoudre ses tâches politiques et même géopolitiques temporaires», a-t-il souligné.

Le président russe dénonce par ailleurs les sanctions imposées à la Russie par Bruxelles et Washington, qui accusent Moscou de soutenir militairement les rebelles prorusses dans l'est de l'Ukraine.

«Ces sanctions ne sont rien d'autre qu'une tentative de contenir le développement de la Russie», a estimé M. Poutine, tout en ajoutant qu'il n'y avait «rien de nouveau» dans ces aspirations affichées par l'Occident depuis des siècles.

«Nous ne violons aucune règle du jeu. Et lorsque je dis «règle du jeu», je veux dire avant tout le droit international», a déclaré le président russe, en précisant que cela concernait aussi bien les «relations avec l'Ukraine et la situation en Crimée» que les «problèmes dans le domaine de la sécurité globale».

Mais «les soi-disant milieux dirigeants des pays occidentaux, leurs élites politiques et économiques nous aiment quand nous sommes pauvres, misérables et que nous tendons la main pour mendier», a-t-il affirmé.

«Nous avons sauvé le pays»

L'homme le plus influent du monde selon le classement annuel du magazine américain Time, Vladimir Poutine, 62 ans, confie aussi dans ce documentaire d'environ deux heures et demie n'«avoir jamais fait partie des élites».

«Je me sens une partie du pays, une partie du peuple (...). Je sens quand les gens ne sont pas contents, sont préoccupés, inquiets de quelque chose», raconte-t-il.

Même si ce poste a quelques inconvénients - «on ne peut pas aller au cinéma ni au théâtre ni faire les magasins» -, Vladimir Poutine dit être loin de se plaindre.

Avoir «une possibilité de contribuer de manière maximale, de faire tout son possible (...) pour son pays, pour son peuple, cela  compense tout le reste», souligne-t-il.

Et le bonheur du président? «C'est de comprendre où nous étions (au début des années 2000, NDLR) et ce que nous avons fait depuis (...), avant tout, que nous avons sauvé le pays», dit M. Poutine, qui a pris il y a 15 ans la tête d'une Russie affaiblie et appauvrie sous le règne de Boris Eltsine.

«Quand on y pense, cela ne peut que procurer de la satisfaction», avoue le président russe.

Mais «je peux imaginer sans difficulté ma vie en dehors de ce poste», ajoute-t-il.

«Si une personne peut revenir dans un appartement ordinaire et vivre là et non pas dans un palais, je pense qu'elle n'a pas perdu ses liens avec le monde extérieur».