À deux semaines des élections britanniques, les deux principaux partis en lice, à égalité dans les sondages, tentent le tout pour le tout. Le premier ministre sortant, David Cameron, a visité hier une garderie avec le maire de Londres, son «arme secrète». Pourrait-elle se retourner contre lui?

Le premier ministre conservateur espère mettre la main (bleue...) sur un second mandat le 7 mai. Mais voilà, il piétine dans les sondages et ne rallie que 34% de l'électorat, tout comme son principal concurrent, Ed Miliband, du Parti travailliste.

La lente reprise économique en Grande-Bretagne serait notamment à l'origine de sa difficile campagne, jugée particulièrement terne par les médias britanniques.

Le coloré maire de Londres, Boris Johnson, surnommé Bojo, est arrivé à la rescousse hier, s'attablant avec Cameron devant un puzzle puis devant un bol de gouache dans une garderie du sud-ouest de Londres.

«Si les conservateurs ont recours à leur arme secrète, c'est un indice qu'ils sont au bord du désespoir. Boris Johnson est un électron libre», dit Brian Lewis, professeur d'histoire à l'Université McGill.

Selon lui, Johnson, qui brigue un siège de député et rêve d'un siège de ministre, sera difficile à gérer en cas de victoire. Le maire londonien a d'ailleurs l'ambition d'être un jour calife à la place du calife.

Mise en scène

Ces jours-ci, les médias britanniques se moquent de David Cameron, qui semble tout faire pour ne pas avoir à parler à des électeurs. Ses apparitions, comme celle d'hier, sont des mises en scène toutes plus orchestrées les unes que les autres.

«Il y a quelques jours, on pensait qu'une caméra de Google avait réussi à capter l'image historique du premier ministre ayant un échange spontané avec un électeur, mais finalement, c'était le monstre du Loch Ness», a écrit hier Marina Hyde, chroniqueuse au Guardian. «Boris Johnson n'a pas peur de serrer des mains et de parler aux gens ordinaires», dit Brian Lewis.

Autre parti, même préférence

L'arme secrète du Parti travailliste aime aussi les garderies. Première ministre de l'Écosse et chef du Parti nationaliste écossais, Nicola Sturgeon pourrait bien devenir la faiseuse de roi en s'alliant au parti d'Ed Miliband.

Très populaire depuis le référendum, son parti est en voie de remporter presque tous les sièges en Écosse lors des élections fédérales.

«Ce qu'on ne sait pas, c'est ce que les travaillistes auront à concéder aux indépendantistes écossais pour avoir leur soutien, note l'historien de McGill. Il y a un précédent à la chose. À la fin du XIXe siècle, le gouvernement libéral dépendait des indépendantistes irlandais. En échange, ils ont donné l'autonomie.»