La Turquie a révélé mardi qu'elle avait placé sur sa liste d'interdiction d'entrée sur son territoire 12 800 personnes soupçonnées de vouloir se rendre en Syrie et en Irak, et réclamé de l'aide pour endiguer le flot d'étrangers qui la traversent pour rejoindre les djihadistes.

Le Proche-Orient vit un «moment critique», a estimé le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu lors d'une rencontre avec son homologue américain John Kerry à Washington.

La Turquie, qui fait partie de l'OTAN, partage des frontières avec la Syrie, l'Irak et l'Iran et sa position en fait un «partenaire essentiel» dans la lutte des États-Unis contre le groupe Etat islamique (EI), selon M. Kerry.

En mars, les États-Unis et la Turquie ont commencé à former et à équiper des milliers de rebelles syriens modérés. À l'issue de leur formation, ils seront appelés à retourner en Syrie et à se battre contre les troupes du régime de Bachar al-Assad.

D'un autre côté, les forces de l'EI «ressentent une pression accrue, leurs dirigeants ont été affaiblis, leurs finances sont durement touchées et leur idéologie haineuse est discréditée», a asséné le chef de la diplomatie américaine.

L'EI «dépend désormais énormément des nouvelles recrues» pour se maintenir à flot, et nombre d'entre elles viennent de pays du Golfe, mais aussi d'Europe.

Du coup, a prévenu John Kerry, les pays concernés doivent redoubler leurs efforts «pour dissuader les jeunes de faire cette erreur fatale qui consiste à s'enrôler, puis à tenter de traverser la frontière pour aller en Syrie».

M. Cavusoglu a révélé qu'Ankara avait placé plus de 12 800 personnes sur une liste qui leur interdit d'entrer en Turquie, de peur qu'elles ne transitent par son territoire pour se rendre en Irak ou en Syrie.

En outre, 1300 combattants étrangers ont été expulsés, a-t-il ajouté.

«La Turquie est l'un des pays par lesquels transitent les combattants étrangers et nous faisons de notre mieux pour que cela cesse», a dit M. Cavusoglu.

«Mais les pays d'origine (des combattants) doivent aussi faire de leur mieux pour arrêter ces combattants avant qu'ils ne partent», a-t-il souligné. «Nous avons besoin d'une meilleure coopération, d'un meilleur partage d'informations et de renseignements».

John Kerry a annoncé qu'il comptait se rendre à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN à Antalya, dans le sud de la Turquie, les 13 et 14 mai.