Dévoilant son programme, David Cameron a multiplié les annonces sociales et promis le retour du soleil aux travailleurs modestes du Royaume-Uni mardi dans un effort de séduction à l'approche des législatives du 7 mai dont le résultat demeure incertain.

En présentant leur projet la veille, ses rivaux travaillistes avaient mis l'accent sur l'économie et la réduction du déficit, des thèmes habituellement phagocytés par la droite.

Vingt-quatre heures plus tard, le premier ministre conservateur s'est lui aussi aventuré sur un terrain, le social, où on l'attend moins, histoire de capter les voix du centre et de donner un peu de coeur à une campagne jugée trop négative par son propre camp.

De fait, on a pu observer un changement de ton spectaculaire. Fini les attaques en règle contre ce Labour si incompétent. Une stratégie qui n'a pas permis à David Cameron de prendre l'avantage sur Ed Miliband dans les sondages et qui a plutôt ressuscité l'image du «nasty party», le parti des méchants.

Finies aussi les allusions aux projets traditionnels, déjà connus, comme «l'éradication» du déficit public et la tenue d'un référendum sur la sortie ou le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne.

Mardi, David Cameron a parlé de «soleil» et de «belle vie» en s'adressant directement à la caméra, plutôt qu'au public venu l'applaudir dans une école secondaire technique de Swindon, dans l'ouest de l'Angleterre.

Lors de son exercice d'«attitude positive», il a répété à trois reprises qu'il représentait «le vrai parti des travailleurs», ceux qui se lèvent tôt, «dans le froid et le noir», à qui il propose de «bâtir un avenir meilleur».

Après avoir «redressé le pays», aux prix d'une cure d'austérité drastique, il vise désormais à «transformer une bonne économie en une bonne vie». Un avenir plus souriant est à portée de main, sous réserve de ne pas «retourner cinq ans en arrière», vers «le chaos économique» incarné par le Labour, a ajouté le premier ministre, s'adressant en priorité aux oubliés du retour de la croissance.

Vieilles recettes

Trois promesses phares doivent enfin faire décoller sa campagne, alors que les sondages donnent tories et Labour au coude-à-coude depuis des mois, à environ 34 % des intentions de vote chacun.

David Cameron promet ainsi d'instaurer un revenu minimum non imposable et le doublement des aides pour la garde d'enfants âgés de trois et quatre ans. Il puise aussi dans les vieilles recettes en proposant d'étendre le droit à la propriété pour les ménages modestes, une mesure emblématique du gouvernement Thatcher en 1980.

Elle consiste à offrir aux occupants d'un logement social la possibilité de l'acheter avec une ristourne allant jusqu'à 100 000 livres (près de 185 000 $). Les tories veulent élargir le «droit à l'achat» aux habitations proposées par les associations d'aide au logement et toucher ainsi jusqu'à 1,3 million de familles supplémentaires.

Pour financer la promesse, les municipalités sont priées de mettre sur le marché leurs logements sociaux les plus onéreux avec l'obligation de remplacer chaque habitation vendue.

Mais comme les précédentes promesses distillées pendant la campagne, les nouvelles annonces ont été accueillies avec circonspection sachant qu'elles vont de pair avec l'engagement de continuer une politique d'austérité.

Mardi, les travaillistes ont de nouveau insisté sur le caractère «fantaisiste» et «irréalisable» du plan de David Cameron. «Les tories veulent maintenant nous faire croire qu'ils vont comme par magie brasser des milliards de livres tous les ans juste en vendant quelques logements sociaux. L'année dernière, cela a permis de lever à peine 100 millions de livres (environ 185 millions de dollars), alors que la mesure coûte 4,5 milliards (8,3 milliards de dollars) par an», a souligné Emma Reynolds, en charge des questions de logement au parti travailliste.

Même la Fédération nationale du logement, qui regroupe les associations d'aide au logement, se dit opposée au plan des conservateurs qui leur est pourtant destiné. «C'est une mauvaise réponse à la crise du logement», a estimé une des responsables, Ruth Davison, qui met elle aussi en avant le coût considérable de l'opération et, du coup, les doutes concernant sa mise en oeuvre.