L'analyse de la deuxième boîte noire de l'A320 de Germanwings qui s'est écrasé dans les Alpes françaises, faisant 150 morts, confirme l'action volontaire du copilote, qui a augmenté la vitesse de la descente, ont révélé vendredi les enquêteurs.

«Une première lecture» de cette boîte noire retrouvée jeudi «fait apparaître que le pilote présent dans le cockpit a utilisé le pilote automatique pour engager l'avion en descente vers une altitude de 100 pieds (30 mètres)» indique le Bureau français d'enquêtes et d'analyses (BEA) à qui elle a été transmise.

«Puis, à plusieurs reprises au cours de la descente, le pilote a modifié le réglage du pilote automatique pour augmenter la vitesse de l'avion en descente», ajoute le BEA dans un communiqué.

L'analyse de la première boîte noire avait conduit à suspecter le copilote, Andreas Lubitz, d'avoir décidé de se suicider et d'entrainer dans la mort les 149 autres personnes à bord de l'avion.

Le BEA n'apporte pas d'éléments supplémentaires, mais précise que ses «travaux continuent pour établir le déroulement factuel précis du vol».

La première boîte noire de l'A320 qui renfermait les enregistrements des sons et conversations dans le cockpit avait été retrouvée peu après l'écrasement le 24 mars de l'avion qui assurait la liaison entre Barcelone (Espagne) et Düsseldorf (Allemagne).

Comme une boîte à chaussures

La seconde boîte noire, le Flight Data Recorder (FDR), qui contient les paramètres du vol, a été découverte jeudi par les gendarmes.

Cette boîte contient «500 paramètres», dont la vitesse, l'altitude ou le régime moteur de l'avion, avait précisé le procureur responsable de l'enquête française, Brice Robin, lors d'une conférence de presse à Marseille (sud).

De même couleur que la roche et noircie par le feu, elle était «totalement enfouie».

«On essayait d'aller dans les zones qui n'avaient pas été fouillées pour ramener un maximum de vêtements [...]. Et c'est en recherchant ces vêtements que je l'ai trouvée», a raconté à l'AFP Alice Coldefy, la gendarme qui a mis la main sur cet objet grand comme une boîte à chaussures.

«On avait une photo de boîte noire sous plusieurs angles, on l'a sortie et on l'a comparée avec ce qu'on avait trouvé et c'était ça», a ajouté la gendarme de 32 ans.

La boîte noire était au fond d'une «ravine très raide qui se termine brutalement», a-t-elle précisé, l'appareil s'étant écrasé contre la montagne.

En Allemagne, la justice a indiqué qu'Andreas Lubitz, 27 ans, dépressif, s'était renseigné sur les portes blindées dans les avions dans les jours précédant le vol mortel.

Il s'est «informé sur les manières de se suicider» ainsi que sur «les portes de cockpit et leurs mesures de sécurité», a indiqué dans un communiqué le parquet de Düsseldorf (ouest), responsable de la partie allemande de l'enquête.

Mardi, la gendarmerie française avait indiqué qu'il n'y avait «plus de corps sur la zone de l'écrasement» et que leur évacuation était terminée. Le travail des équipes consistera désormais à «récupérer les effets personnels» des passagers, avait-elle précisé.

Les autorités françaises ont promis une identification rapide des restes des victimes sur la base de leur ADN. Il faudra cependant encore «trois à cinq» semaines pour les identifications, a précisé jeudi le procureur français.

«Cent cinquante profils ADN ont été isolés» et pourront être comparées avec les ADN fournis par les familles des victimes, selon le procureur.

Outre 72 Allemands tués, figurent parmi les victimes une cinquantaine de personnes de nationalité espagnole. Au total, près d'une vingtaine de nationalités étaient représentées dans l'avion.

La catastrophe aérienne, l'une des pires qu'ait connues la France, a poussé de nombreuses compagnies aériennes dans le monde à instaurer une obligation de laisser en permanence lors d'un vol au moins deux personnes dans la cabine de pilotage.

Pour faire face aux probables demandes de dommages et intérêts des familles, le consortium d'assureurs conduit par le géant allemand Allianz a mis de côté 300 millions de dollars (279 millions d'euros), selon Lufthansa, maison mère de Germanwings.