Neuf jours après le crash de l'A320 de Germanwings, le PDG de Lufthansa est venu dans les Alpes promettre une aide aux familles des victimes, la justice française appelant quiconque détenant une vidéo liée à l'accident à la lui remettre.

«Je donne ma parole aux victimes, notre aide ne va pas s'arrêter cette semaine. Nous continuerons d'apporter notre aide tant qu'elle sera nécessaire», a assuré le patron de Lufthansa, Carsten Spohr.

Le responsable allemand se tient sur la défensive depuis les révélations des antécédents psychiatriques du copilote accusé d'avoir entraîné dans son suicide 149 personnes.

Lors de sa brève visite au Vernet, une localité proche des lieux de la catastrophe, Carsten Spohr, accompagné du PDG de Germanwings, Thomas Winkelmann, s'est recueilli devant une stèle érigée à la mémoire des 150 victimes de la catastrophe du 24 mars. Il a refusé de répondre aux questions des nombreux journalistes présents.

«Si nous sommes là aujourd'hui, au nom de Germanwings et de Lufthansa, c'est aussi pour remercier les centaines de personnes qui ont fait un travail formidable pour aider au cours de ces dernières semaines», a expliqué Carsten Spohr.

Il a cité les policiers, les gendarmes, l'armée, les «médecins qui aident à l'identification des victimes», ainsi que les habitants de la région.

De leur côté, les autorités françaises ont lancé un appel pour leur enquête sur le crash. Dans l'hypothèse où une personne disposerait d'une vidéo montrant les derniers instants du vol avant le crash, «elle se doit de la remettre sans délai aux enquêteurs» de la gendarmerie française, a déclaré dans un communiqué le procureur chargé de l'enquête judiciaire française, Brice Robin.

Le magistrat français a démenti «qu'en l'état actuel des investigations, figurent à l'enquête une ou plusieurs vidéos filmant le crash de l'Airbus A320».

L'hebdomadaire français Paris Match et le quotidien populaire allemand Bild affirment avoir visionné une vidéo tournée dans l'avion juste avant le crash, révélant que les passagers étaient pleinement conscients que l'appareil allait s'écraser. L'hebdomadaire français a assuré mardi sur son site internet n'avoir «aucun doute» sur la provenance de l'enregistrement, en l'occurrence un téléphone portable.

«C'est un élément humain très fort, mais (...) qui n'apporte rien à l'enquête», selon le journaliste de Match Frédéric Helbert, affirmant mercredi avoir pu «visualiser» ce document après «un très long travail d'investigation» à l'aide «d'intermédiaires (..) connectés avec des gens qui travaillent sur le terrain».

Mardi, la gendarmerie française avait indiqué qu'il n'y avait «plus de corps sur la zone du crash» et que l'évacuation de ces derniers était terminée. Le travail des équipes consistera désormais à «récupérer les effets personnels» des passagers, avait-il précisé, alors que la seconde boîte noire, contenant les paramètres du vol, était toujours activement recherchée.

Identification rapide 

Les autorités françaises ont promis une identification rapide des restes des victimes sur la base de leurs ADN.

En Allemagne, Lufthansa, la maison-mère de Germanwings, a affirmé avoir transmis au parquet de Düsseldorf (ouest), en charge de l'enquête allemande, des «documents supplémentaires» confirmant que le copilote, Andreas Lubitz, avait informé en 2009 l'école de pilotage de l'entreprise qu'il avait connu un «épisode dépressif sévère».

Jusqu'à présent, Lufthansa avait affirmé que cet homme de 27 ans avait interrompu sa formation pendant «plusieurs mois» voici six ans. Mais M. Spohr avait déclaré ne pas avoir le droit de révéler les raisons de cette interruption.

Cette fois, Lufthansa affirme avoir procédé à «de nouvelles recherches internes» pour fournir ces documents - des pièces sur sa formation au pilotage, des «documents médicaux» et la «correspondance par courriels entre le copilote et l'école de pilotage».

Lufhtansa a pris cette initiative «dans l'intérêt d'une élucidation rapide et sans faille» des circonstances du drame.

Pour faire face aux probables demandes de dommages et intérêts des familles, le consortium d'assureurs conduit par le géant allemand Allianz a mis de côté 300 millions de dollars (279 millions d'euros), selon Lufthansa.

Même s'il était prouvé qu'Andreas Lubitz a volontairement provoqué le drame, cela ne changerait rien aux indemnisations auxquelles les proches des victimes ont droit, selon des spécialistes du secteur.

Le nombre de ressortissants allemands tués dans le crash a été revu à la baisse, passant de 75 à 72, a annoncé mercredi le ministère allemand des Affaires étrangères.

Le parquet de Düsseldorf avait révélé que le jeune homme avait suivi un traitement pour des tendances suicidaires dans le passé.

Cité mardi par Bild, un enquêteur évoque comme «mobile principal» sa «peur» de «perdre son aptitude au vol en raison de ses problèmes de santé».

Le Bureau enquête analyse (BEA) français pour l'aviation a indiqué de son côté «étudier les failles systémiques qui auraient pu conduire» au drame, comme «la logique du système de verrouillage des portes de cockpits» et les «critères et procédures susceptibles de détecter des profils psychologiques particuliers».

Mercredi après-midi, la petite ville d'Haltern am See, dans l'ouest de l'Allemagne, comme «paralysée» depuis le crash qui a tué 18 de ses lycéens et enseignants, a pleuré ses morts lors d'une cérémonie religieuse oecuménique.