Lufthansa a révélé mardi que le copilote de l'A320 de Germanwings, soupçonné d'avoir provoqué l'écrasement qui a fait 150 morts dans les Alpes françaises, l'avait informé en 2009 qu'il avait connu un «épisode dépressif sévère».

Près du lieu de l'écrasement, à Seyne-les-Alpes, le lieutenant-colonel Jean-Marc Ménichini de la gendarmerie française a déclaré qu'il n'y avait «plus de corps sur la zone de l'écrasement» et que l'évacuation de ces derniers était donc terminée.

Mercredi, «vingt militaires chasseurs alpins vont monter avec les équipes pour récupérer les effets personnels» des passagers, a-t-il précisé.

En Allemagne, la compagnie Lufthansa, maison-mère de Germanwings, a affirmé avoir transmis au parquet de Düsseldorf, en charge de l'enquête allemande sur les causes de l'écrasement du 24 mars, des «documents supplémentaires» confirmant qu'Andreas Lubitz, le copilote de l'avion, avait informé en 2009 l'école de pilotage de l'entreprise, qu'il avait connu un «épisode dépressif sévère».

Jusqu'à présent, Lufthansa, par la voix de son PDG, Carsten Spohr, avait affirmé que cet homme de 27 ans avait interrompu sa formation pendant «plusieurs mois» il y a six ans. Mais M. Spohr avait déclaré ne pas avoir le droit de révéler les raisons de cette interruption.

Cette fois, Lufthansa affirme avoir procédé à «de nouvelles recherches internes» pour fournir ces documents --des pièces qui concernent sa formation au pilotage, des «documents médicaux» et la «correspondance par courriels entre le copilote et l'école de pilotage»-- et ce, «dans l'intérêt d'une élucidation rapide et sans faille» des circonstances du drame.

Plus de 450 proches sur place

M. Spohr, ainsi que le PDG de Germanwings, Thomas Winkelmann, se rendront mercredi à proximité du lieu du drame pour se recueillir et rendre hommage aux équipes sur place.

Dans l'après-midi, le président français François Hollande, en visite à Berlin, a promis une identification rapide des restes des 150 victimes de l'écrasement. Selon M. Ménichini, les recherches pour la seconde boîte noire se poursuivent.

«Le ministre (français) de l'Intérieur (Bernard Cazeneuve) a confirmé que d'ici la fin de la semaine, il serait possible d'identifier toutes les victimes grâce aux prélèvements ADN faits et à ce travail scientifique exceptionnel», a déclaré M. Hollande lors d'une conférence de presse commune avec Angela Merkel, après le 17e Conseil des ministres franco-allemand.

Interrogé par l'AFP, le ministère de l'Intérieur a néanmoins précisé qu'on pouvait «espérer que d'ici la fin de la semaine on aura récupéré les ADN de toutes les victimes», sans en avoir la certitude.

De son côté, la chancelière a réitéré ses remerciements à la France pour son aide, et salué le «grand coeur» de la population sur place, fortement mobilisée pour accueillir les familles des victimes, parmi lesquelles 75 Allemands.

Plus de 450 membres de ces familles se sont rendus sur place, à l'exception notable de celle d'Andreas Lubitz, a indiqué la préfète du département voisin des Alpes maritimes.

Pour faire face aux probables demandes de dommages et intérêts de la part des familles, le consortium d'assureurs conduit par le géant allemand Allianz a mis de côté 300 millions de dollars (279 millions d'euros), a indiqué à l'AFP une porte-parole de Lufthansa, confirmant des informations du journal Handelsblatt.

L'avion était assuré à hauteur de 6,5 millions de dollars, d'après le quotidien économique allemand, qui cite des sources proches du dossier.

Même s'il était prouvé que M. Lubitz a volontairement provoqué le drame, cela ne changerait rien aux indemnisations auxquelles les proches des victimes ont droit, selon des spécialistes du secteur.

Peur d'être déclaré inapte à voler

Lundi, le parquet de Düsseldorf, chargé de l'enquête côté allemand, avait révélé que le jeune homme avait suivi un traitement pour des tendances suicidaires dans le passé.

Cité mardi par le quotidien populaire Bild, un enquêteur évoque comme «mobile principal» sa «peur» de «perdre son aptitude au vol en raison de ses problèmes de santé».

Le Bureau enquête analyse (BEA) français pour l'aviation a indiqué de son côté «étudier les failles systémiques qui auraient pu conduire» au drame, comme «la logique du système de verrouillage des portes de cockpits» et les «critères et procédures susceptibles de détecter des profils psychologiques particuliers».

Lufthansa, «par respect pour les victimes», a annulé les célébrations prévues le 15 avril pour le 60e anniversaire de la compagnie.

Sur le site de l'écrasement, enquêteurs et gendarmes ont collecté «plus de 4000 pièces», débris de l'avion et corps, selon la gendarmerie française.

L'un des objectifs est toujours de retrouver la seconde boite noire qui contient les paramètres de vol. «Des sondages par perche dans la terre» sont effectués, a-t-elle ajouté.

Deux hélicoptères tournaient par ailleurs au-dessus du site et ses alentours pour tenter de retrouver d'autres éléments à l'extérieur de la zone de recherche.

Selon le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), huit spécialistes israéliens ont également été dépêchés sur place afin d'aider notamment à retrouver les morceaux du corps d'une victime juive. Ces spécialistes sont rodés à cet exercice du fait des attentats en Israël, le judaïsme imposant l'intégrité du corps des victimes lors de l'inhumation.

Environ 400 échantillons prélevés sur les morceaux de corps ont pour le moment été envoyés à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), près de Paris.

Au total, 78 profils ADN de passagers ou membres d'équipage avaient été isolés dimanche, mais aucune victime n'a été formellement identifiée. Les résultats définitifs ne seront connus qu'«entre deux et quatre mois» et seront d'abord communiqués aux familles, selon la gendarmerie.

Mercredi, un service oecuménique funèbre aura lieu à 17H à l'église catholique de Haltern (ouest de l'Allemagne), d'où étaient originaires les 16 élèves allemands morts dans la catastrophe.

Photo Francis Pellier, Ministère français de l'Intérieur / AP

Quelque 400 échantillons prélevés sur les morceaux de corps sur le lieu de l'écrasement ont été envoyés à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, en France.