Le directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), Rémi Jouty, a annoncé mercredi lors d'une conférence de presse que les enquêteurs ont pu extraire des données utilisables de la boîte noire extraite des décombres de l'avion de la compagnie Germanwings.

«Nous venons de réussir à extraire des données utilisables du CVR», le «Cockpit Voice Recorder», l'une des deux boîtes noires, qui enregistre tous les sons de la cabine de pilotage, et permet d'entendre les conversations entre le commandant de bord et le pilote, mais aussi tous les sons et annonces entendus dans la cabine de pilotage, les alarmes qui ont pu éventuellement retentir, a affirmé M. Jouty.

François Hollande a annoncé par ailleurs que l'«enveloppe» de la seconde boîte noire de l'A320 de Germanwings qui s'est écrasé dans les Alpes-de-Haute-Provence avait été retrouvée mais «pas la boîte noire elle-même», lors d'une intervention télévisée sur les lieux de l'écrasement.

«Une deuxième boîte noire est recherchée, son enveloppe a été retrouvée» mais «pas encore, hélas, la boîte noire elle-même», a-t-il déclaré aux côtés des chefs de gouvernement allemand et espagnol, Angela Merkel et Mariano Rajoy.

L'écrasement «est pour nous tous inexplicable», a déclaré le patron du groupe aérien Lufthansa, Carsten Spohr. «L'avion était techniquement irréprochable et les deux pilotes expérimentés».

La «boîte noire» récupérée a été «très, très abimée», selon le procureur de Marseille chargé du dossier, Brice Robin. Mais les enquêteurs gardent l'espoir de trouver une explication à cette catastrophe qui endeuille l'ensemble du continent européen.

«Nous espérons les premiers résultats en fin d'après-midi, mais (...) ça pourrait prendre plusieurs jours pour avoir tous les résultats», a déclaré le procureur. Pour l'heure, «aucune hypothèse n'est écartée» hormis celle d'une explosion en vol, a répété mercredi le premier ministre français, Manuel Valls.

«L'hypothèse terroriste n'est pas privilégiée», a toutefois précisé son ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Une gigantesque et périlleuse opération de récupération des restes des victimes du vol 4U9525 a repris dès la levée du jour sur les flancs de la gorge escarpée où l'avion de la filiale à bas prix de Lufthansa assurant la liaison entre Barcelone et Düsseldorf a heurté la montagne.

«Il est prévu 200 enquêteurs sur zone dès qu'elle sera sécurisée par la gendarmerie de haute montagne», a indiqué le procureur. Douze d'entre eux ont déjà commencé à identifier les corps, mais «ça va prendre des jours et même des semaines».

«Les plus grands morceaux de corps que nous avons repérés ne sont pas plus grands» qu'une mallette, avait déclaré mardi soir un enquêteur.

Les États-Unis et la Russie ont offert leur aide à la France pour les opérations de récupération des corps.

À quelques kilomètres à vol d'oiseau des lieux de l'écrasement, dans le village de Seyne-les-Alpes, un important dispositif d'accueil et de soutien psychologique a été déployé à l'intention des familles : hébergement, nourriture, psychiatres, infirmiers...

Au Vernet, hameau d'où l'on peut apercevoir l'endroit de la catastrophe, une tente orange a été dressée à leur intention, ainsi que pour accueillir la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre espagnol Mariano Rajoy et le président français François Hollande, attendus à 13 h GMT (9 h à Montréal) pour une cérémonie et une inspection des moyens humains et matériels engagés.

Les causes de l'accident restent inconnues. L'équipage n'a pas émis d'appel de détresse tout au long de la chute de l'appareil qui a duré huit minutes, selon Germanwings.

Le pilote avait «plus de dix ans» d'expérience et «plus de 6000 heures de vol», selon la compagnie. L'avion avait 25 ans d'âge et subi une grosse révision à l'été 2013.

Le 1er septembre 1953, un appareil qui effectuait une liaison Paris-Saigon s'était déjà écrasé dans la même région du sud des Alpes.

C'est la première catastrophe aérienne en France métropolitaine depuis l'écrasement d'un Concorde d'Air France qui avait fait 113 morts le 25 juillet 2000 peu après son décollage de l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle.