La Cour de cassation italienne s'est donné mercredi plus de temps pour entendre les parties avant de se prononcer sur la lourde condamnation de l'Américaine Amanda Knox et de son ex-petit ami Raffaele Sollecito pour le meurtre de Meredith Kercher en 2007.

Alors qu'une décision était attendue mercredi en fin de journée, le président de la cour, Gennaro Marasco, a annoncé pendant l'audience, en début d'après-midi, que les plaidoiries seraient finalement closes vendredi matin par la défense de Sollecito.

La plus haute cour du pays devrait ensuite se retirer pour délibérer quelques heures avant d'annoncer sa décision.

Elle peut confirmer définitivement les deux condamnations, ouvrant la voie à une procédure d'extradition d'Amanda Knox.

Mais elle peut aussi prolonger encore cette saga médiatico-judiciaire mêlant jeunesse dorée, marijuana, soupçons de débauche sexuelle et accusation d'incompétence contre les enquêteurs en renvoyant l'une, l'autre ou les deux devant une nouvelle cour d'appel.

Dans la nuit du 1er au 2 novembre 2007, Meredith Kercher, étudiante britannique de 21 ans, a été retrouvée morte, à demi nue et dans une mare de sang, dans l'appartement qu'elle partageait avec Amanda Knox à Pérouse, dans le centre de l'Italie.

L'autopsie a révélé qu'elle avait été violée et frappée de 47 coups de couteau.

L'Ivoirien Rudy Guédé, dont l'ADN a été retrouvé sur le corps de la victime, a été condamné à 16 ans de prison pour avoir participé au meurtre, mais la justice a conclu qu'il n'avait pas pu agir seul.

Âgés de 20 et 24 ans au moment des faits, Knox et Sollecito ont été condamnés en décembre 2009 à 26 et 25 ans de prison, avant d'être acquittés en appel en 2011.

Mais la Cour de cassation a renvoyé l'affaire devant une autre cour d'appel, qui a estimé que le couple avait tué Meredith Kercher après une dispute ayant dégénéré et a condamné les deux ex-amants à 28 et 25 ans de prison.

Sollecito, qui aura 31 ans dans les prochains jours, est arrivé à la cour peu avant 10 h (5 h à Montréal), sous une pluie battante, accompagné de sa petite amie. Si la peine est confirmée, il risque de retourner immédiatement en prison.

Mais Amanda Knox, rentrée à Seattle juste après son acquittement en 2011 et aujourd'hui fiancée à un ami d'enfance, a prévenu qu'elle se battrait «jusqu'au bout» pour ne pas retourner en prison en Italie, et les experts sont divisés sur les chances de succès d'une éventuelle procédure d'extradition.

«Nous ne pensons pas que ce sera la dernière audience. Nous espérons que la cour va annuler le verdict et renvoyer l'affaire en appel», a déclaré à l'AFP l'avocat de la jeune femme, Luciano Ghirga.

Traces d'ADN

Aux États-Unis, le visage d'ange d'Amanda Knox et les erreurs des enquêteurs - qui ont par exemple utilisé des gants sales pour récolter les indices - ont depuis longtemps convaincu l'opinion publique que l'affaire aurait dû être abandonnée.

Dans sa décision, la cour d'appel s'est appuyée sur le fait que l'ADN de Knox, Sollecito et Guédé avaient été retrouvés sur la scène du crime.

Mais l'ADN de Sollecito n'apparaît que sur une bretelle de soutien-gorge que la défense dit contaminée du fait de l'incompétence de la police.

Quant à Knox, son ADN a été retrouvé dans la salle de bain, mêlée au sang de la victime, mais pas dans la chambre, où Meredith Kercher est morte.

Pour l'avocate de Sollecito, Giulia Bongiorno, les condamnations devaient être annulées.

«Il n'y a pas d'autres traces (d'ADN) dans la pièce du crime que celles de Rudy Guédé. Les juges disent que les autres traces ont été nettoyées, mais on ne peut pas nettoyer de manière sélective», a-t-elle expliqué à la presse.

La cour d'appel s'est aussi appuyée sur une confession écrite de Knox pendant son interrogatoire, dans laquelle elle dit s'être trouvée dans la maison et avoir entendu le meurtre, sans y avoir pris part et sans signaler l'éventuelle présence de Sollecito.

Mais elle s'est ensuite rétractée, expliquant avoir écrit sous la contrainte.

Pendant des années, les deux anciens amants ont affirmé avoir passé la nuit fatale dans un autre appartement. Mais depuis l'année dernière, Sollecito semble chercher à délier son sort de celui de Knox, expliquant que la marijuana fumée ce soir-là l'empêchait de garantir que l'Américaine soit restée tout le temps avec lui.