Ce n'est pas le raz-de-marée du Front national (FN) annoncé depuis plusieurs jours par les médias français. Mais après le premier tour des élections départementales en France, le parti d'extrême droite a toutefois réussi à obtenir le meilleur score de son histoire pour des élections locales.

«Le Front national réussit l'exploit de dépasser largement son score des élections européennes», a déclaré, quelques minutes après l'annonce des résultats, dimanche soir, la présidente du Front national, Marine Le Pen.

Crédité d'un score situé entre 24,5 et 26,4% des suffrages, selon les estimations, le Front national reste largement derrière la liste des partis de droite - dont fait partie l'UMP -, avec de 36,3 à 40,3% des suffrages. Les socialistes et leurs partenaires à gauche ont quant à eux récolté entre 23,2 et 31,7% des voix.

Fait notable pour ces élections locales: la mobilisation des électeurs, plus nombreux à se présenter aux urnes en 2015 qu'en 2011.

Front national, succès local

À Nanterre, dans la banlieue ouest de Paris où le Front national a son siège, les proches de Marine Le Pen ont gardé le sourire après l'annonce des résultats, même si leur parti n'a pas réussi à s'imposer comme le premier parti de France.

«C'est un bon score, quand on voit qu'on a en face de nous l'union des gauches et l'union des droites», croit Christina Guillermond, candidate du FN en Seine-Saint-Denis.

Le Front national a réussi en outre à s'imposer localement, notamment dans le sud de la France, où les observateurs ne pouvaient que constater la véritable moisson des troupes de Marine Le Pen. Au moins quatre candidats du Front national ont remporté le scrutin dès le premier tour.

La droite en tête

L'ensemble des listes de droite (UMP-UDI) arrive en tête des suffrages au niveau national. L'ancien président Nicolas Sarkozy, qui conduisait l'UMP pour ces élections locales pour la première fois depuis son retour à la vie politique, l'an dernier, a immédiatement fait savoir que dans les cas de duels Front national - parti de gauche, il n'appellerait pas ses électeurs à voter pour l'un ou pour l'autre - c'est ce que les Français appellent la stratégie du «ni-ni».

Pour le nouveau patron de l'UMP, l'issue du deuxième tour, dimanche prochain, ne fait guère de doute: les départements, majoritairement acquis par la gauche en 2011, devraient basculer à droite. La droite a également mis la main sur au moins 85 cantons dès le premier tour.

«Dans un grand nombre de départements, les conditions d'un basculement massif en faveur de la droite républicaine et du centre sont réunies», a-t-il dit après l'annonce des résultats, dimanche soir.

À Nanterre, Jean-Marie Le Pen, leader historique du Front national, a quant à lui refusé de voir une victoire de la droite républicaine et centriste. Devant les journalistes, parmi lesquels il s'est assis pour écouter le discours de sa fille, il a affiché un mépris évident pour le score réalisé par la droite. «De victoire en victoire comme celle-là, [Nicolas Sarkozy] va finir à Waterloo, c'est sûr», a-t-il dit, étouffant un rire.

Les socialistes sauvent les meubles

Le Parti socialiste a réussi à éviter la débâcle, mais a toutefois été éliminé dès le premier tour dans plusieurs centaines de cantons. Le premier ministre Manuel Valls, qui avait fait part de ses inquiétudes par rapport à la montée du FN pendant la campagne, a appelé les républicains à se rassembler.

«J'appelle chacun à adopter une position claire, à faire voter au candidat républicain d'extrême gauche ou d'extrême droite quand il fait face au candidat républicain», a-t-il expliqué.

À deux ans de l'élection présidentielle, et à quelques mois seulement des élections régionales, ce scrutin fait figure de répétition générale. L'implantation locale de l'extrême droite, un phénomène nouveau en France, pèsera sans doute lourd.

Le Front national ne cache d'ailleurs pas ses ambitions. «Mon adversaire principal, c'est un candidat à la présidentielle. C'est Hollande et Sarkozy», a ainsi dit Marine Le Pen à un journaliste du Monde.