Vrai «doigt d'honneur» à Berlin ou montage habile? L'Allemagne s'est interrogée jeudi sur la désormais fameuse vidéo montrant le geste obscène du ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, après qu'un présentateur eut revendiqué un trucage avant d'être démenti par sa propre chaîne.

Mercredi soir, Jan Böhmermann, qui anime sur la chaîne publique ZDF le programme satirique Neo Magazin Royale, a assuré avoir truqué la vidéo, déjà utilisée par l'équipe de Neo dans un précédent clip satirique portant déjà sur M. Varoufakis, intitulé V comme Varoufakis, en insérant méticuleusement un geste obscène à l'adresse de Berlin.

«Respirez profondément, ne tombez pas de votre chaise, vous devez être très courageux», a annoncé, hilare, M. Böhmermann dans une vidéo, expliquant comment son équipe avait bidouillé les images prises lors d'un festival à Zagreb en 2013, alors que M. Varoufakis n'était pas encore ministre.

ZDF a d'abord retwitté le lien menant à cette confession, avant de réagir de façon ironique, semblant confirmer via Twitter les propos du présentateur: «nous réfléchissons à la possibilité de faire figurer la mention ''Attention satire!'' sur les prochaines émissions» Neo.

La chaîne publique a clarifié sa position jeudi après-midi, réaffirmant que Neo était «une émission satirique. La rédaction a amplifié de manière satirique le débat sur la vidéo de Varoufakis après sa diffusion» dimanche soir par l'autre chaîne publique ARD, a expliqué ZDF.

Mais dès mercredi soir, Twitter s'était emparé de la nouvelle, les mots clic #varoufake ou #varoufakefake faisant florès. Certains y affichaient leur scepticisme: ZDF «ne fait que souligner que l'émission est satirique. Ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas bidonné la vidéo», notait ainsi @tseymat.

Peu après la diffusion des aveux du Jan Böhmermann, Yannis Varoufakis s'est interrogé sur son compte Twitter: «des excuses dans l'émission très en vue (de Günther Jauch)? Pour avoir utilisé une vidéo truquée afin de réduire au silence une voix grecque conciliante?»

L'affaire du «doigt» avait débuté dimanche soir, lorsque M. Varoufakis était invité à un talk-show de grande écoute sur ARD, présentée par Günther Jauch. La vidéo lui avait alors été présentée, qu'il avait immédiatement qualifiée de «trucage».

Mais en pleine guerre Berlin-Athènes sur la politique économique grecque, elle avait jeté un froid, avant d'être abondamment visionnée et commentée sur internet.

Plusieurs experts mandatés lundi par Günther Jauch avaient assuré n'avoir décelé «pour le moment aucun signe de manipulation ou de trucage».

i&u TV, la société allemande qui produit l'émission de M. Jauch, a fait savoir jeudi dans un communiqué qu'elle ne voyait dans les déclarations de Jan Böhmermann «aucune preuve» d'une falsification de la vidéo et a affirmé s'en tenir aux conclusions des experts qui ont conclu selon elle à «l'authenticité» des images.