Des milliers d'Espagnols ont manifesté à Madrid samedi pour dire au gouvernement de droite que sa décision d'abandonner un projet durcissant les conditions d'accès à l'avortement lui coûtera les voix des conservateurs aux élections générales de novembre.

Les antiavortements de tous les âges, venus par bus de toute l'Espagne, ont marché sous le soleil près de l'entrée du jardin du Retiro en centre-ville au cri de: «Toutes les vies se valent».

Le parti conservateur, au pouvoir depuis 2011, a présenté en février une loi revenant sur les éléments les plus controversés d'un précédent projet de réforme, qui prévoyait en particulier l'interdiction de l'avortement dans presque tous les cas de figure, y compris la malformation du foetus.

Ce projet de 2013, contesté au sein même du parti au pouvoir et à l'étranger, avait été abandonné en septembre 2014, au grand dam des «pro-vie» qui ont crié à la «trahison». La nouvelle loi, qui interdit l'avortement pour les mineures sans autorisation parentale, doit encore être votée au Congrès où la droite dispose de la majorité absolue.

«Je ferai toujours tout ce que je peux en faveur de la vie, et même si un jour je fais une bêtise, je n'aurai pas recours à l'avortement», a déclaré l'une des manifestantes, Lourdes Keller, une étudiante en médecine de 19 ans.

Certains manifestants ont menacé de punir Mariano Rajoy lors des prochaines élections en novembre en ne votant pas pour son Parti populaire (PP).

«Je vote pour le PP parce qu'il prévoit la défense de la vie dans son programme électoral», a déclaré un autre manifestant, Francisco de Castro, de Valence.

Le PP a remporté sur fond de crise les élections en 2011 face au Parti socialiste (PSOE), qui avait fait adopter en 2010 une loi dépénalisant l'avortement malgré la forte opposition des conservateurs et de l'Église catholique.

Le paysage politique a évolué depuis, avec l'apparition de nouveaux partis comme le mouvement de gauche Podemos ou de centre droit Ciudadanos, qui prennent d'après les sondages des voix tant au PSOE qu'au PP à l'approche des élections.