Le parquet a requis mardi sept ans de prison à l'encontre d'un homme jugé en Norvège pour avoir provoqué un avortement non désiré, en introduisant des pilules abortives dans une boisson servie à son ex-partenaire.

Dans ce dossier qui repose sur une disposition peu utilisée du Code pénal norvégien, l'homme de 25 ans est accusé d'avoir, par deux fois, fait ingérer, à son insu, à une femme avec qui il avait eu une aventure un mélange de deux médicaments pour IVG achetés sur internet. La seconde fois, en mars 2014, la femme âgée d'une vingtaine d'années avait perdu le bébé lors de sa 12e semaine de grossesse.

«Il a essayé à plusieurs reprises de me convaincre d'avorter, mais il n'en était pas question pour moi», a témoigné la jeune femme devant le tribunal de Trondheim (ouest), selon des propos rapportés par la radiotélévision publique NRK.

L'accusé est poursuivi pour blessures corporelles graves et, selon une disposition du Code pénal, pour avoir interrompu une grossesse sans le consentement de la mère. Il risque jusqu'à 21 ans de prison.

Il a plaidé coupable des deux chefs d'accusation.

«Un des aspects centraux de cette affaire est que les faits ont été commis à l'aide de poison et que cela s'est fait dans la durée», a fait valoir la procureure Kaja Strandjord, citée par le journal local Adresseavisen.

«Il a importé ces substances. Tout cela a été précisément et cyniquement planifié», a-t-elle argué.

Devant la cour, l'accusé a expliqué avoir acheté sur internet deux types de pilules abortives, une semaine après avoir appris que la femme était enceinte.

Après un premier échec, il avait récidivé en pilant les médicaments et en les mélangeant à un smoothie aux fruits. Il a expliqué vouloir être sûr d'interrompre la grossesse après avoir lu que le foetus risquait des malformations.

«J'avais mauvaise conscience et j'avais des remords, mais je pensais que c'était la seule issue possible», a-t-il déclaré devant la cour, selon NRK.

Son avocat a plaidé pour que la cour fasse preuve de clémence dans son verdict. «J'estime que c'est tout à fait déplacé de prononcer une peine de sept ans de prison, surtout quand on tient compte du fait qu'il a avoué et qu'il a un enfant dont il doit s'occuper», a dit le conseil, Tore Angen, cité par Adresseavisen.

C'est le médecin traitant de la jeune femme qui, pris de doutes, avait prescrit des tests puis alerté la police.

Le verdict est attendu le 17 mars.