La cour d'assises de Paris a condamné vendredi huit hommes à des peines allant de 9 mois de prison à 15 ans de réclusion criminelle pour le double braquage en 2007 et 2008 de la joaillerie Harry Winston.

Le jury a été au-delà des réquisitions de l'avocat général, qui avait requis mardi des peines de 18 mois de prison à 12 ans de réclusion criminelle. Six des accusés étaient passibles de 30 ans de prison et deux, récidivistes, de la perpétuité.

Neuf cents bijoux avaient été dérobés les 6 octobre 2007 et 4 décembre 2008, dans la luxueuse bijouterie de l'avenue Montaigne, à deux pas des Champs-Elysées. Seuls 279 d'entre eux ont été récupérés durant l'enquête.

Le préjudice, établi par l'assureur du bijoutier à 78,9 millions d'euros, est l'un des plus importants au monde dans ce type d'affaire.

La cour a condamné à 15 ans de réclusion criminelle Douadi Yahiaoui, dit «doudou», 50 ans, un délinquant qui a déjà purgé 23 ans de détention pour des vols et trafics de stupéfiants. Il était le seul à comparaître détenu, les autres accusés ayant été remis en liberté après avoir purgé entre deux et trois ans de détention provisoire.

«Dans la hiérarchie des accusés, il est au tout premier plan. Il est présent en amont et en aval de cette affaire. C'est le cerveau, la tête pensante de l'équipe. Il est celui qui a tout organisé, recruté les braqueurs, donné les instructions et s'est chargé d'écouler les bijoux», avait expliqué la représentante de l'accusation, Sylvie Kachaner.

«Mon client n'est pas le cerveau du siècle», a plaidé jeudi son avocat, Me Frédéric Trovato, en référence à l'appellation «casses du siècle» accolée à ces audacieux braquages, en demandant à la cour de ne pas lui infliger une peine «excessive».

La cour d'assises a également condamné à cinq ans de prison dont trois avec sursis l'ancien vigile d'Harry Winston, Mouloud Djennad, 39 ans, qui a reconnu avoir fourni à Douadi Yahiaoui des informations qui ont favorisé les braquages. «Sans lui, rien ne se serait produit», avait souligné la représentante du ministère public.

«J'ai une pensée pour mes anciens collègues d'Harry Winston. J'ai honte chaque jour mais je ne peux pas revenir en arrière», avait lancé l'accusé à la cour avant qu'elle ne se retire pour délibérer. Ses avocats avaient demandé qu'il ne retourne pas en prison.

Traces ADN

La cour a également condamné Farid Allou, 49 ans dont vingt passés en prison pour des vols à main armé, à dix ans de réclusion criminelle. En état de récidive légale, l'homme avait reconnu sa participation aux deux braquages. L'accusation avait requis dix ans à son encontre.

«C'est le numéro deux de l'équipe, l'associé, le bras droit et l'ami de Douadi», avait résumé Sylvie Kachaner.

Contre Karim Debaa, 32 ans, qui a admis sa présence au second braquage et contre lequel cinq ans avait été requis, la cour a prononcé une peine de six ans.

Les avocats des deux hommes avaient demandé qu'ils ne retournent pas en prison.

Le jury a aussi condamné à des peines de six ans de prison Hassen Belferroum, 32 ans, et Faudile Yahiaoui (neveu de Douadi), qui contestaient leur participation aux braquages mais dont des traces ADN ont été relevées dans la joaillerie. L'avocat général avait requis six ans à leur encontre et leurs avocats plaidé l'acquittement.

Pour les deux derniers accusés, la cour a prononcé une peine de trois ans dont dix-huit mois avec sursis, contre deux ans requis, à l'encontre de Patrick Chiniah, 40 ans, qui a mis en relation Douadi Yahiaoui, son beau-frère, et le vigile, et neuf mois de prison, contre dix-huit mois requis, contre Areski Yahiaoui (frère de Douadi) accusé de recel de bijoux.