L'école des trois adolescentes qui ont quitté la Grande-Bretagne pour rejoindre probablement le groupe armé État islamique (EI) en Syrie était «sous le choc» lundi, au premier jour de classe après les vacances de février.

Assiégée par les médias et protégée par une camionnette de police, la Bethnal Green Academy a essayé de vivre une journée normale, selon le voeu de son directeur Mark Keary, seul habilité à s'exprimer.

Mais les 1200 élèves et professeurs de cet établissement de l'est de Londres, qui jouit d'une excellente réputation, ont repris le chemin de l'école le coeur lourd, a-t-il admis.

«Nous sommes tous sous le choc et très tristes que trois de nos élèves soient portées disparues», a souligné Mark Keary devant la presse, empêchée d'approcher quiconque d'autre, sous l'oeil vigilant de la police.

Les familles de Shamima Begum, 15 ans, Kadiza Sultana, 16 ans, et Amira Abase, 15 ans, avaient lancé dès samedi des appels éplorés pour les supplier de revenir au Royaume-Uni. Les trois jeunes filles de «bonne famille» et bien intégrées selon la police s'étaient envolées mardi pour Istanbul, probablement pour tenter de rallier le groupe EI en Syrie.

«On est, d'évidence, face à un problème international qui s'aggrave et affecte les écoles dans tout le pays et au-delà de nos frontières», a souligné le directeur de l'école dont une autre élève avait rejoint l'EI en décembre.

Pour autant, a-t-il insisté, «la police nous a dit qu'il n'avait aucune indication que la radicalisation des jeunes filles ait eu lieu au collège».

Lundi, des policiers ont rencontré des amis des adolescentes disparues dans le cadre de leur enquête.

Le directeur a insisté sur le fait que l'école prônait les «valeurs britanniques de démocratie, tolérance et respect». Il a aussi indiqué que l'accès aux réseaux sociaux était «strictement encadré» et que les élèves n'avaient accès ni à Twitter ni à Facebook sur les ordinateurs de son établissement.

Dimanche, Sayeeda Warsi, ex-secrétaire d'État au ministère britannique des Affaires étrangères, avait affirmé qu'il devenait «de plus en plus évident que les gens ne sont pas radicalisés dans les lieux de culte, mais dans leurs chambres en surfant sur l'internet».

Une des trois adolescentes aurait été en contact sur Twitter avec Aqsa Mahmood, qui a quitté Glasgow en novembre 2013 pour la Syrie et est depuis soupçonnée d'essayer de faire des émules.

Ibrahim Kalin, un conseiller du président turc Recep Tayyip Erdogan, a assuré lundi que les autorités turques et britanniques coopéraient «étroitement sur cette affaire».