Une des deux victimes des attentats de Copenhague devait être inhumée mercredi dans la capitale danoise, tandis que la piste d'un suspect radicalisé en prison a été évoquée par les services de renseignement, eux-mêmes sur la sellette pour de possibles carences dans la sécurité.

Dan Uzan, un Juif de 37 ans tué d'une balle dans la tête lors de l'attaque contre la synagogue de Copenhague, devant laquelle il montait la garde, sera inhumé mercredi à 14h00 locales.

«La cérémonie est ouverte au public. On attend beaucoup de monde», a déclaré mardi une porte-parole de la communauté juive, Sara Menn.

Trois jours après la double fusillade contre le centre culturel et la synagogue, qui ont fait deux morts et qui ont choqué l'Europe, des critiques ont mis en cause une sécurité insuffisante à la lumière des attaques de Paris, notamment formulées par le caricaturiste suédois Lars Vilks, une des cibles probables.

Mardi soir, les Danois étaient toujours nombreux à venir se recueillir devant la grande synagogue de Copenhague, fleurie de milliers de bouquets après avoir essuyé les tirs d'un homme de 22 ans, dont la police a confirmé mardi soir l'identité, déjà publiée dans les médias: Omar El-Hussein, Danois de naissance et d'origine palestinienne.

«C'est beau. Je suis là pour montrer que nous sommes unis, tous ensemble, contre la terreur», a confié Mette, 53 ans, à l'AFP.

Selon les médias, deux semaines avant les attentats, Omar El-Hussein était sorti de prison, où il était resté un peu plus d'un an pour avoir poignardé plusieurs fois à la jambe un jeune homme dans une gare de Copenhague.

Les services de renseignement (PET) ont précisé avoir reçu en septembre 2014 un rapport des autorités pénitentiaires faisant état d'un «risque de radicalisation» du suspect pendant sa détention.

«Les éléments du rapport ne portaient pas à croire qu'(il) planifiait une attaque», ont-ils toutefois précisé.

Méconnaissable à sa sortie de prison 

Dans le quartier populaire de Norrebro, où le suspect a été abattu par la police tôt dimanche matin, les témoignages d'anciens amis ont étayé l'hypothèse d'une radicalisation en prison, comme cela avait aussi été le cas pour les auteurs de l'attaque contre Charlie Hebdo dans la capitale française.

Cités par le journal Berlingske, ces proches ont décrit un homme méconnaissable à sa libération: il s'était fait pousser la barbe, ne discutait plus de filles ni de voitures mais plutôt de religion, de Gaza et du paradis.

«Ces choses dont il parlait nous passaient complètement au-dessus de la tête», a confié un ami dont le nom n'a pas été précisé.

Les services de sécurité poursuivaient eux leur «énorme enquête, très compliquée», selon le porte-parole de la police, Steen Hansen.

La police a dit avoir procédé à une nouvelle arrestation aux premières heures de la journée mais refusé de préciser si elle était liée aux attaques du week-end.

Lundi, elle avait aussi annoncé l'arrestation et l'inculpation pour complicité de deux hommes soupçonnés d'avoir aidé l'auteur présumé des attentats à faire disparaître une arme et à se procurer une cachette.

Interrogations sur la sécurité 

Ces opérations sont menées tambour battant, alors que la question de la sécurité dans le pays a été soulevée notamment par le caricaturiste suédois Lars Vilks, sorti indemne de l'attaque contre le centre culturel Krudttønden où se tenait un débat sur la liberté d'expression.

«Il y avait une hausse des menaces depuis l'attaque contre Charlie Hebdo et les Danois n'en ont pas tenu compte», a dénoncé le caricaturiste, cible présumée de la première fusillade.

«Ils n'ont pas renforcé la sécurité samedi. C'était la même que celle que nous avions auparavant», a-t-il déclaré à l'AFP. Ses propos ont trouvé un écho chez des responsables de l'opposition, qui se sont prononcés pour l'ouverture d'une enquête sur ce point.

Ces attaques ont ravivé les craintes en Europe, car le mode opératoire et les cibles rappellent fortement les attentats qui ont fait 17 morts à Paris du 7 au 9 janvier, lorsque le journal satirique Charlie Hebdo et un magasin casher avaient été pris d'assaut.

Le centre Simon Wiesenthal, qui lutte contre l'antisémitisme, a dit craindre qu'il s'agisse des prémices d'une «épidémie paneuropéenne».

Dans les deux cas, Israël a appelé les Juifs à quitter l'Europe, où il estime que leur sécurité n'est plus assurée, et à venir s'installer dans l'État hébreu, au grand dam pays européens qui ont rejeté ces appels.

Lundi dans la journée, les Juifs du Danemark s'étaient dits «reconnaissants» de la main tendue par le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, mais répondu qu'ils ne suivraient pas son appel à émigrer.