Le président français François Hollande a assuré lundi que les Juifs avaient «leur place en Europe et en particulier en France», en dépit de l'appel aux Juifs du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à rejoindre Israël.

Le chef de l'État a appelé les Français au «sursaut» après la profanation de plusieurs centaines de tombes dans un cimetière juif de l'est de la France, et annoncé qu'il participerait mardi, «si les conditions sont réunies», à une cérémonie dans cette région.

«Je ne laisserai pas (...) plus des paroles prononcées en Israël qui laisseraient penser que les Juifs n'auraient plus leur place en Europe et en France en particulier», a lancé M. Hollande. «Mais à nous d'assurer à tous les Juifs de France et, plus largement, à tous les citoyens de France la sécurité, le respect, la reconnaissance et la dignité».

«Nous sommes Danois»



Les Juifs du Danemark sont «reconnaissants» de la main tendue par le premier ministre israélien, mais ne suivront pas son appel à émigrer, a affirmé lundi un porte-parole de la communauté.

«Nous sommes très reconnaissants de la sollicitude de M. Nétanyahou, mais, cela étant dit, nous sommes Danois, nous sommes des Juifs danois, mais nous sommes Danois, et ce n'est pas la terreur qui nous fera partir pour Israël», a déclaré à l'AFP ce représentant de la communauté juive, Jeppe Juhl.

«Nous comprenons son souci pour notre bien-être, et nous apprécions sa sollicitude, mais nous sommes Danois et restons au Danemark. Si nous déménageons en Israël, ce sera pour d'autres raisons», a-t-il insisté.

Le premier ministre israélien avait appelé dimanche les Juifs européens à s'installer «en masse» en Israël, à la suite d'un des attentats à Copenhague, visant la principale synagogue de la capitale danoise. Un juif de 37 ans qui montait la garde avait été tué.

S'adressant aux Juifs européens, Benyamin Nétanyahou avait proclamé dans un communiqué : «Israël est votre foyer. Nous sommes préparés pour accueillir une immigration de masse en provenance d'Europe».

«À tous les Juifs d'Europe : je dis Israël vous attend les bras ouverts», avait ajouté le chef de gouvernement conservateur.

Il avait déjà irrité Paris en déclarant le 10 janvier aux Juifs de France qu'Israël était leur «foyer», après la prise d'otages survenue dans un supermarché cacher qui s'est soldée par la mort de quatre Juifs.

Les enquêteurs soupçonnent l'auteur des attaques de Copenhague de s'être inspiré des attentats à Paris en janvier.

Le Danemark avait déjà connu des actes d'antisémitisme, comme des graffitis et des bris de vitres sur une école juive de Copenhague, Carolineskolen, en août.

Peu auparavant, des élus danois avaient organisé une «marche à la kippa» dans le centre de la capitale pour dire leur solidarité avec la communauté juive.

Le Danemark compte environ 8000 juifs, dont la plupart à Copenhague, selon les chiffres de la communauté.

De son côté, le premier ministre français, Manuel Valls, a également assuré lundi que la France ne voulait pas le départ des Juifs de France en Israël et a «regretté» les déclarations du premier ministre israélien.

Une Europe sans Juifs ne serait pas l'Europe»

Le chef de la diplomatie autrichienne, Sebastian Kurz, a souligné lundi qu'«une Europe sans Juifs ne serait pas l'Europe», après l'appel à l'émigration vers Israël lancé par le premier ministre.

«Nous devons tout mettre en oeuvre pour garantir la sécurité, de façon à ce que les personnes de confession juive ne soient pas contraintes à émigrer. Une Europe sans Juifs ne serait pas l'Europe», a souligné le ministre dans un communiqué.

«La communauté juive en Autriche doit s'agrandir», a estimé M. Kurz, dont le pays ne compte plus qu'environ 10 000 Juifs. Sous le nazisme, la communauté juive autrichienne a été exterminée.

L'Autriche comptait quelque 200 000 Juifs, dont l'immense majorité à Vienne, avant l'annexion du pays au Troisième Reich en 1938. Plus de 65 000 de ceux qui ne sont pas parvenus à partir en exil sont morts en déportation.

En septembre, le président de la Knesset (Parlement israélien) Yuli Edelstein, avait déploré que l'Autriche n'ait que «tardivement reconnu» son rôle dans l'Holocauste. Lors du 70e anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz, le président autrichien Heinz Fischer avait évoqué la «honte indélébile» pour son pays.