Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, s'est attiré mardi les foudres des groupes politiques du Parlement européen en raison de sa demande de faire payer à l'Allemagne des réparations de guerre pour combler une partie de la dette du pays.

«C'est l'inverse de ce qu'il faut faire», a commenté le chef du groupe socialiste, Gianni Pittella, en déplorant un «retour de l'égoïsme national».

«Ce n'est pas la meilleure manière de faire avancer le débat», a abondé le coprésident des Verts, Philippe Lamberts.

Dans les négociations que la Grèce mène avec ses partenaires pour desserrer l'étau de l'austérité et trouver un règlement au problème de la dette, «Berlin sera la clef du règlement de la crise et devra faire des concessions. Une telle revendication ne va pas aider à pacifier le débat».

«Le langage n'est pas approprié. Cela n'avance pas de parler de réparations», a pour sa part jugé le président de l'Alliance des libéraux et démocrates, le Belge Guy Verhofstadt. «La Grèce a besoin de réformes structurelles. Or sur ce point, on n'est nulle part».

«La question ne se pose pas», a enfin tranché l'Allemand Manfred Weber, président du groupe du Parti Populaire Européen (PPE-conservateurs).

«Les accords passés doivent être respectés et cela Tsipras doit l'apprendre», a-t-il asséné.

Alexis Tsipras a déclaré dimanche que la Grèce avait «une obligation historique» et «morale» à réclamer des indemnités de guerre, et le remboursement d'un prêt forcé octroyé aux nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

Le montant des réparations éventuelles réclamées pourrait atteindre 162 milliards d'euros (228 milliards de dollars), soit peu ou prou la moitié de la gigantesque dette du pays, selon des chiffres circulant à Athènes.

La question des réparations allemandes est récurrente en Grèce, où le précédent gouvernement de coalition droite-socialiste avait mis en place en 2012 un groupe de travail pour chiffrer les dommages.

Le gouvernement allemand a réitéré en réponse à M. Tsipras que l'Allemagne excluait tout versement de réparations à la Grèce, jugeant que la question avait perdu toute légitimité.