Les avocats de Francesco Schettino, l'ex-commandant du paquebot Concordia, dont le naufrage avait fait 32 morts il y a trois ans au large de l'Italie, ont réclamé lundi son acquittement, a-t-on appris de source judiciaire.

Devant le tribunal de Grosseto (Toscane), Me Domenico Pepe a plaidé l'accident maritime «qui peut arriver à qui va en mer» et affirmé que l'ex-commandant du Concordia, 54 ans, ne pouvait en être tenu pour responsable.

«Mais si le tribunal devait imposer une peine, alors nous nous attendons à la peine minimum, tenant compte des circonstances atténuantes», a encore dit l'avocat.

Fin janvier, le parquet a réclamé une peine de 26 ans de prison et l'incarcération de l'ex-commandant Schettino pour éviter toute tentative de fuite. «Ce n'est pas une peine exagérée», avait alors affirmé la procureure Maria Navarro.

L'ex-commandant du Concordia est accusé d'homicides multiples, d'abandon de navire, de non-assistance à personnes en danger et de dommages à l'environnement, après le naufrage du paquebot en janvier 2012, près des côtes de l'île de Giglio, au large de la Toscane.

Me Pepe, avocat de M. Schettino, a en particulier réfuté l'idée que l'ex-commandant ait ordonné trop tard l'évacuation du navire, assurant qu'il avait au contraire agi en marin d'expérience parce qu'il avait compris que le vent et les courants portaient le navire à la côte, où l'évacuation serait plus rapide et plus sûre.

«S'il avait ordonné l'évacuation à un kilomètre des côtes, le navire aurait été incontrôlable et toutes les chaloupes n'auraient pas pu être mises à l'eau en sécurité», a insisté l'avocat.

«Schettino a eu 45 minutes pour décider de la vie de 4500 personnes» et sa décision a permis d'en sauver la très grande majorité, a assuré Me Pepe.

L'accusation estime pour sa part que l'ordre d'évacuer a été donné bien trop tard et que l'évacuation s'est ensuite faite dans l'improvisation.

«Pourquoi ne pas avoir tout de suite lancé l'alerte générale», avait ainsi demandé le procureur Alessandro Leopizzi, lors de l'interrogatoire début décembre de M. Schettino, unique accusé de ce procès ouvert en juillet 2013.

«Je voulais faire arriver le navire le plus près possible de l'île» pour éviter que, pris de panique, «les gens ne se jettent à l'eau», avait alors répondu l'ancien commandant, raillé à travers le monde pour avoir quitté le navire avant la fin des opérations d'évacuation.

Lors de cet interrogatoire serré, l'ex-commandant Schettino avait minimisé sa responsabilité, s'efforçant d'apparaître comme un commandant mal informé par son équipage.

Le Concordia, qui naviguait trop près de la côte de l'île de Giglio, au large de la Toscane, avait heurté un rocher dans la nuit du 14 janvier 2013. Son épave en partie immergée a ensuite été renflouée et transportée en juillet au port de Gênes pour y être démantelée.

Le procès devrait se poursuivre mardi avant un verdict qui pourrait être rendu mercredi, selon les médias italiens.