Empêché de manifester lundi à Dresde de crainte d'un attentat, le mouvement allemand contre l'«islamisation» n'a rassemblé que 15 000 personnes mercredi soir à Leipzig, bien moins que les 40 000 à 60 000 prévues par les organisateurs, selon la police.

Quelque 20 000 contre-manifestants ont par ailleurs encerclé le cortège de «LEGIDA» (Habitants de Leipzig contre l'islamisation de l'Occident) massé devant l'Opéra, qui se présente comme une déclinaison locale du mouvement PEGIDA né à Dresde à l'automne.

La liaison ferroviaire entre Dresde et Leipzig a été très perturbée par deux incendies survenus dans l'après-midi sur la voie ferrée, selon la police et la compagnie ferroviaire Deutsche Bahn, ce qui a pu peser sur la participation de part et d'autre.

Mais au total, l'affluence s'est avérée trois fois inférieure aux 100 000 manifestants attendus par les autorités sur l'ensemble de la soirée, chiffre qui a justifié le déploiement de 4000 policiers, des unités fédérales ayant renforcé les forces de l'ordre locales.

«Nous sommes le peuple!» («Wir sind das Volk!»), a scandé le cortège de LEGIDA, reprenant la référence habituelle du mouvement aux manifestations spontanées qui avaient précédé la chute du Mur de Berlin fin 1989.

Au milieu des drapeaux allemands brandis par la foule, on relevait des slogans hétéroclites allant de «Charlie Hebdo m'énerve», en français, à «Boycottage de la presse mensongère» et «25 ans de nouvelle dictature : République fédérale et Union européenne».

Illustration des premières fissures dans le mouvement opposé à l'«islamisation» parti de Dresde à l'automne, Kathrin Oertel, l'un des organisateurs de PEGIDA, a pris ses distances vis-à-vis de LEGIDA sur la page Facebook de ce groupe.

«Rien de ce qui sera dit ou exigé ce soir à Leipzig n'a été décidé avec nous. Cela peut s'avérer contre-productif pour la perception unitaire de notre mouvement», a-t-elle indiqué, disant envisager «une action en référé».

Les organisateurs du défilé de Leipzig sont décrits par le patron des services locaux de renseignement comme «plus décidés et bien plus radicaux» que ceux de Dresde, dans une interview accordée au quotidien Die Welt.

Il s'agit notamment d'un avocat lié au parti néonazi NPD, d'une figure du monde des hooligans de la région et d'un ancien vendeur de reliques militaires, qui se présente comme un «spécialiste d'histoire», en particulier du IIIe Reich.

Pour sa première manifestation, il y a dix jours, LEGIDA avait rassemblé 2000 à 3000 personnes, alors que les contre-manifestants, notamment issus de l'extrême gauche locale traditionnellement très active, étaient 30 000.

Ce mercredi, le cortège entendait emprunter le parcours exact des manifestations de l'automne 1989 mais s'est vu imposer un trajet plus court pour des raisons de sécurité. Le recours en justice de LEGIDA a été rejeté.

La police a annoncé plusieurs incidents mineurs, notamment à la gare où un groupe d'opposants à LEGIDA aurait tenté de forcer un barrage des forces de l'ordre, et au moins une arrestation. Plusieurs médias ont par ailleurs fait état de menaces proférées par les manifestants de LEGIDA contre des journalistes présents dans le cortège.