Le passage de François Hollande sur France Inter lundi matin a convaincu les éditorialistes que le chef de l'État n'avait «plus rien à annoncer» mais comptait désormais «saturer l'espace médiatique».

«Ceux qui croyaient qu'il n'y a pas de pub sur les radios du service public en sont pour leurs frais. Ils ont avalé un spot de deux heures sur France Inter, hier matin», s'étrangle Raymond Couraud dans L'Alsace.

Même si d'aucuns, tel Michel Urvoy dans Ouest-France, ont jugé le verbe présidentiel «mieux inspiré», tous les commentateurs mardi réduisent la prestation de M. Hollande à une simple opération de communication.

«Les mots de "mobilisation", de "détermination" utilisés en boucle en cette rentrée par le président de la République et par les ministres auraient plus de crédibilité s'ils venaient en appui d'une nouvelle salve réformatrice. Or, de nouveauté, de projets, de réformes, il n'y en a plus sur la table», estime Guillaume Tabard dans Le Figaro.

Pour Nicolas Beytout de L'Opinion, «qu'il soit derrière son grand bureau vide ou devant le micro d'une radio nationale, François Hollande (...) n'a plus rien à annoncer».

La loi Macron? Le président «en a lui-même limité la portée, refusant d'en faire "la loi du siècle"», ajoute l'éditorialiste du quotidien libéral.

Certes, «François Hollande est un beau parleur. Selon l'humeur du moment, l'homme de la synthèse socialiste sait dire ce que son électorat souhaite entendre», constate Yann Marec dans Le Midi libre: «ne pas ériger la loi Macron en alpha et oméga de l'économie» lui permet de «mieux se ranger auprès de ceux qui la contestent».

L'Humanité n'est en tout cas pas convaincue. «François Hollande voit la lumière au bout du tunnel. C'est, en substance, le message de l'opération médiatique d'hier matin», tacle Maud Vergnol dans le journal communiste.

Mais au final, «l'objectif n'est pas de convaincre» mais «d'occuper le terrain», analyse Le Républicain lorrain sous la plume de Philippe Waucampt.

«Après avoir voulu prendre le contre-pied de son prédécesseur, François Hollande semble désormais vouloir l'imiter en saturant l'espace médiatique même s'il n'a rien à dire», constate  Hubert Coudurier dans Le Télégramme.

«Faute de résultats immédiats, François Hollande a recours à la ficelle de tout dirigeant en difficulté: la communication, la béquille obligée de l'action politique», explique Patrice Chabanet dans Le Journal de la Haute-Marne.

Mais «les éléments de langage, répétés à satiété, en arrivent à faire douter de la sincérité du propos de qui les tient, et alimentent le soupçon de calcul politique», tranche Jacques Camus dans La Montagne.

«Alors que le traditionnel marathon des voeux va lui donner la parole quasi quotidiennement ces trois prochaines semaines, fallait-il en rajouter hier matin, surtout lorsque comme lui, on n'a plus grand chose dans sa hotte?» fait mine de s'interroger Hervé Favre dans La Voix du Nord.