La marine italienne est parvenue mercredi à ramener à bon port 768 migrants, entassés sur un cargo abandonné par son équipage en pleine mer Adriatique, au terme d'une incroyable odyssée.

La marine militaire a ainsi évité un nouveau drame en pleine mer après l'incendie d'un transbordeur dimanche, au large de l'Albanie, qui a fait au moins 13 morts, mais sans doute davantage.

Le Blue Sky M, cargo battant pavillon moldave, est arrivé vers 3 h 30 (21 h 30 mardi, heure de l'Est) mercredi à Gallipoli (sud-est de l'Italie), où ces centaines de clandestins, dont une quarantaine d'enfants, ont pu être pris en charge par les autorités, a constaté l'AFP.

«Une hécatombe évitée, plus de 900 migrants sauvés sur un navire avec le moteur bloqué à pleine puissance faisant route vers les côtes des Pouilles (sud-est de l'Italie)», se sont félicités mercredi les gardes-côtes italiens sur leur compte Twitter.

Car sans leur intervention, le navire, abandonné par son équipage, allait se fracasser contre les rochers, ont-ils affirmé.

Selon les médias italiens, une femme enceinte sur le point d'accoucher se trouvait à bord du navire. Mais cette information n'a pas pu être confirmée mercredi. Tout comme la nationalité de ces candidats à l'immigration, en majorité d'origine syrienne, selon les médias italiens.

La police et les autorités maritimes vont désormais s'efforcer de comprendre comment ces centaines de migrants ont pu ainsi se retrouver à la dérive sur un cargo.

L'hypothèse de pirates trafiquants de clandestins, contraints d'abandonner le navire après une première alerte donnée au large de la Grèce a été avancée.

Cette odyssée, dont on ne sait où elle a commencé, a pris un tour dramatique mardi au large de l'île grecque de Corfou où, selon les médias grecs, le navire a envoyé un SOS en raison de la présence à bord «d'hommes armés».

Les autorités maritimes grecques qui avaient affirmé mardi avoir «inspecté» le navire sans constater «aucun problème (mécanique) et rien de suspect sur le bateau» ont indiqué mercredi à l'AFP avoir, sur la base de ce constat, «brièvement escorté le bateau dans les eaux territoriales grecques jusqu'aux eaux internationales».

Mais le contrôle semble avoir été superficiel, mené par un hélicoptère qui a juste vérifié le pont extérieur du navire. Par radio, «le capitaine du bateau a dit qu'il n'y avait pas de problème à bord».

Course contre la montre 

Le dernier port où le cargo a été signalé était Korfez, en Turquie, le 14 décembre, d'après le site www.marinetraffic.com. Selon les autorités, le Blue Sky M avait pour destination le port de Rijeka, dans le nord de la Croatie.

Pourtant, peu après, il a changé de cap et s'est dirigé vers la côte italienne.

«Des personnels des gardes-côtes à bord du cargo à la dérive avec 700 migrants», annonce dans la soirée la marine militaire italienne sur son compte Twitter. Ils découvrent alors que le navire n'est pas à la dérive, mais fait route moteur bloqué à pleine puissance vers la côte. S'engage alors «une course contre la montre pour éviter le pire, a raconté mercredi un responsable des gardes-côtes, Filippo Marini.

Les Italiens, montés à bord, parviennent in extremis à changer le cap et surtout à débloquer le moteur, à moins de cinq milles (9 kilomètres) de la côte.

Quelques heures plus tard, le cargo est enfin à quai. C'est la fin du calvaire pour ces centaines de clandestins. Le chiffre de 900 migrants, un moment avancé, a été revu à la baisse.

Ce nouvel épisode du drame de l'immigration, qui se répète depuis des mois en Méditerranée, fait suite à une autre tragédie, celle d'un transbordeur dont l'incendie a causé la mort d'au moins 13 personnes, dont deux marins albanais venus à la rescousse.

Une énorme opération de sauvetage a été menée dimanche et lundi par les autorités maritimes italiennes, grecques et albanaises pour évacuer ce transbordeur, le Norman Atlantic.

Mardi soir, à quelques dizaines de kilomètres au nord de Gallipoli, des dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants ont ainsi pu toucher terre après avoir vécu trois jours dans la peur par gros temps, secourus eux aussi par la marine italienne qui les a ramenés au port de Brindisi, non loin de Gallipoli.