Les autorités maritimes italiennes, grecques et albanaises tentaient de sauver plus de 200 personnes, toujours prises au piège lundi matin d'un traversier qui a pris feu dimanche en mer Adriatique avec 478 personnes à son bord.

Vers 4h30 locales lundi, la marine militaire italienne indiquait que 221 personnes avaient été récupérées par les hélicoptères et les navires envoyés sur place pour secourir les passagers et membres d'équipage du Norman Atlantic en majorité des Grecs. Deux cent cinquante-sept personnes étaient toujours à bord lundi matin, ballotées par une mer démontée, dans le froid et dans la fumée encore épaisse de l'incendie désormais circonscrit.

Le sinistre a fait un mort, un passager grec. Les premiers rescapés sont arrivés dans la nuit de dimanche à lundi à Brindisi, dans le sud-est de l'Italie, à environ 40 miles (environ 75 km) de la position estimée du traversier en mer Adriatique.

La marine militaire italienne, qui coordonne les secours, et les autorités maritimes grecques ont assuré des rotations pour venir au secours des passagers pris au piège du navire en flammes.

Six hélicoptères de la marine italienne ont assuré les évacuations, avec un maximum de six ou sept personnes par rotation et des conditions encore plus délicates de nuit. Mais les dernières personnes secourues l'ont été à bord d'une navette des gardes-côtes, sans intervention d'un hélicoptère.

Les autorités italiennes ont mobilisé quatre remorqueurs dans le but de conduire le Norman Atlantic à Brindisi une fois les passagers et les membres d'équipage évacués, mais elles envisageaient aussi un remorquage vers l'Albanie, plus proche, en cas de besoin.

Un navire marchand, le Spirit of Piraeus, avec 49 rescapés à son bord, a tenté de son côté de gagner le port de Brindisi, mais la mer trop forte a empêché toute manoeuvre d'approche et le navire a été dérouté sur Bari, une centaine de km plus au nord, selon les autorités maritimes italiennes.

Un passager grec est mort en glissant ou en se réfugiant en bas d'une rampe d'amarrage. Son corps a été récupéré, et son épouse a été hélitreuillée vers Brindisi, comme plusieurs personnes souffrant essentiellement de déshydratation et d'hypothermie.

Le feu s'est déclaré sur le traversier dimanche à l'aube dans l'emplacement réservé aux véhicules, par une mer démontée et des vents violents, alors que le bateau assurait la liaison entre Patras, dans le sud-ouest de la Grèce, et Ancône, dans l'est de l'Italie.

Un avion de transport militaire C-130 de l'armée de l'air grecque est arrivé dans la nuit de dimanche à lundi à Lecce, en Italie, a annoncé le ministère grec de la Défense.

Des tentes à Brindisi

L'avion devait transférer en Grèce des rescapés grecs qui étaient attendus à Brindisi à bord du cargo Spirit of Piraeus ou à bord d'hélicoptères participant à l'opération de sauvetage, selon le ministère.

À Brindisi, des membres de la protection civile et d'autres services de secours ont dressé des tentes dans le terminal passagers du port afin d'accueillir ces rescapés.

Lundi vers 1h00, alors que le traversier se trouvait à 40 milles marins de Brindisi, la police portuaire grecque a indiqué que les hélicoptères avaient arrêté leurs opérations, et que les passagers étaient transférés sur un bâtiment de la marine militaire italienne arrivé sur les lieux.

Mais quelques minutes plus tard, ce transfert a été interrompu en raison des conditions météorologiques difficiles, a indiqué la police portuaire.

Des passagers de 26 nationalités, dont beaucoup de Turcs et d'Italiens, se trouvaient à bord du Norman Atlantic.

«La nuit sera longue», avait tweeté dimanche soir le Premier ministre italien, Matteo Renzi.

Le traversier, construit en 2009, battant pavillon italien et affrété par la compagnie grecque Anek, avait récemment été inspecté. Selon l'armateur italien, un problème avait été détecté sur l'une des portes pare-feu, située sur le pont numéro 5, précisément à l'endroit où l'incendie se serait déclenché, a indiqué le groupe Visenti, cité par l'agence italienne Ansa.

Des passagers de 26 nationalités, dont beaucoup de Turcs et d'Italiens, étaient à bord. Interrogé par la station de radio Europe 1, l'un des dix Français, Jean-Philippe Demarc, a dit avoir «peur, très peur», et froid. Il a raconté avoir entendu «des grands coups», puis avoir vu «de la fumée partout». «Tout le monde se suivait à la queue leu leu et on s'est tous retrouvés sur les ponts extérieurs».