C'est d'un pas léger et avec un sourire franc que plus de 2,2 millions de Catalans se sont exprimés sur la question de l'indépendance nationale à l'occasion d'un vote sans valeur légale, dimanche.

Comme prévu, les indépendantistes l'ont aisément emporté avec un appui provisoire de 80,7% des votants. La participation, à elle seule, a été accueillie comme un triomphe.

«Aujourd'hui, nous nous sommes regardés dans le miroir et nous avons aimé ce que nous y avons vu», a lancé Artur Mas, président de cette région du nord-est de l'Espagne.

Ce scrutin est purement symbolique, puisque le gouvernement espagnol a refusé un référendum qu'il juge anticonstitutionnel. N'empêche, la simple action de voter avait des airs de victoire. En matinée, les bureaux de vote se sont ouverts sous un concert d'applaudissements.

«Je l'ai fait!», s'est exclamée Helena Vicente après avoir déposé son bulletin dans une urne du quartier de Gracia, à Barcelone, où les files d'attente s'étiraient sur plus de 50 mètres.

«C'est excitant. C'est le premier pas vers un nouveau pays», s'est enthousiasmée la sociologue de 36 ans, une des 5,4 millions de Catalans qui avaient voix au chapitre.

Durant les derniers jours, Omnium Cultural et l'Assemblée nationale catalane, les principaux groupes derrière la mobilisation citoyenne, ont redoublé d'efforts pour rassurer les électeurs par rapport au déroulement de la consultation. C'est qu'en votant, les Catalans ont ouvertement défié l'autorité espagnole et la suspension de ce scrutin par le Tribunal constitutionnel.

«On s'est fait dire que la police pourrait fermer les bureaux de vote. Donc, on s'est présentés en grand nombre ce matin [hier] pour tenter de les garder ouverts le plus longtemps possible en négociant avec les policiers», a raconté Alfons Civit, arrivé une heure et demie avant le début du vote.

Les policiers ne se sont finalement pas interposés, si ce n'est pour interpeller cinq personnes venues perturber le vote dans un bureau de Girona, dans le nord de la Catalogne.

«Très émotif»

Pour les Catalans plus âgés, l'exercice revêtait un cachet particulier.

«C'est très émotif. J'ai vécu la dictature de Franco, a souligné Gemma Bierge en baissant le ton, comme par réflexe conditionné. Mon éducation s'est faite en espagnol et j'ai appris sur le tard, dans la quarantaine, à bien écrire le catalan. Ce n'est pas qu'économique, ce désir d'indépendance. Nous avons vécu l'oppression.»

«Plusieurs Catalans ont rêvé de voter sur la question de l'indépendance, mais ils sont décédés avant de pouvoir le faire. J'ai une pensée pour eux», a laissé tomber Jaume Rocose, poète de 90 ans, avant de réciter quelques vers de son cru à la gloire d'une Catalogne libre.

Mas cite le Québec en exemple

Le président Artur Mas a enregistré son vote aux environs de midi à Barcelone.

Il est sorti de l'édifice scolaire sous les applaudissements et les cris d'encouragement de dizaines d'admirateurs.

«L'État espagnol n'est pas un État facile. Il ne nous reconnaît pas le droit de décider de notre avenir, contrairement à ce qui s'est passé au Québec, deux fois», a-t-il confié, en français, au représentant de La Presse.

«Nous souhaitons envoyer un message puissant au monde entier: cette société catalane souhaite décider de son avenir politique et nous avons le droit de le faire, comme toutes les nations du monde, a-t-il poursuivi. Nous allons lutter durement, fièrement et pacifiquement pour pouvoir terminer ce processus politique.»

Le président a atteint son objectif de 2 à 3 millions de votes. En soirée, il a apostrophé le gouvernement espagnol. «Nous voulons nous gouverner nous-mêmes. Nous sommes suffisamment matures pour le faire.»

Artur Mas souhaite maintenant convertir ce résultat en rapport de force avec Madrid pour négocier un référendum. S'il n'y parvient pas, il pourrait envisager la tenue d'élections plébiscitaires hâtives portant explicitement sur la question de l'indépendance.

Mas cite le Québec en exemple

Le président Artur Mas a enregistré son vote aux environs de midi à Barcelone.

Il est sorti de l'édifice scolaire sous les applaudissements et les cris d'encouragement de dizaines d'admirateurs.

«L'État espagnol n'est pas un État facile. Il ne nous reconnaît pas le droit de décider de notre avenir, contrairement à ce qui s'est passé au Québec, deux fois», a-t-il confié, en français, au représentant de La Presse.

«Nous souhaitons envoyer un message puissant au monde entier: cette société catalane souhaite décider de son avenir politique et nous avons le droit de le faire, comme toutes les nations du monde, a-t-il poursuivi. Nous allons lutter durement, fièrement et pacifiquement pour pouvoir terminer ce processus politique.»

Le président a atteint son objectif de 2 à 3 millions de votes. En soirée, il a apostrophé le gouvernement espagnol. «Nous voulons nous gouverner nous-mêmes. Nous sommes suffisamment matures pour le faire.»

Artur Mas souhaite maintenant convertir ce résultat en rapport de force avec Madrid pour négocier un référendum. S'il n'y parvient pas, il pourrait envisager la tenue d'élections plébiscitaires hâtives portant explicitement sur la question de l'indépendance.

Photo: Reuters

Artur Mas