Plusieurs milliers de personnes ont à nouveau manifesté en France dimanche à la mémoire d'un jeune écologiste, dont la mort une semaine plus tôt dans des affrontements avec les forces de l'ordre a provoqué une émotion nationale.

La plupart des rassemblements se sont déroulés dans le calme, malgré un climat parfois tendu à Paris où près d'une vingtaine d'interpellés étaient en garde à vue dans la soirée, selon les autorités.

La veille, deux manifestations à Nantes (ouest) et Toulouse (sud-ouest) à l'appel de mouvances anticapitalistes et radicales avaient dégénéré en scènes de violences urbaines, suscitant la colère du gouvernement.

Le principal défilé a rallié dimanche dans le sud-ouest une foule de quelque 2000 personnes pour une marche silencieuse sur le site du barrage contesté de Sivens, où Rémi Fraisse, 21 ans, a été tué le 26 octobre lors d'affrontements avec les forces de l'ordre.

Le jeune militant écologiste est mort des suites de l'explosion d'une grenade offensive lancée par les gendarmes, selon les premiers résultats de l'enquête.

À Paris, près de 300 personnes se sont rassemblées sans autorisation dans l'après-midi sur une place d'un quartier populaire de l'est de la capitale, quadrillée par un imposant dispositif policier.

«Police partout, justice nulle part», «police assassins», «on n'oublie pas, on ne pardonne pas», scandaient les protestataires contre lesquels les gendarmes ont brièvement fait usage de gaz lacrymogène lorsque certains ont tenté de forcer leur barrage.

Selon la préfecture de police, 76 personnes ont été interpellées dans le quartier, dont 19 ont été placées en garde à vue.

De source policière, certains des interpellés portaient sur eux «des marteaux, des pinces, des casques, des poings américains, des pétards et des engins incendiaires».

Une formation d'extrême gauche, le NPA (Nouveau parti anticapitaliste) avait initialement prévu de manifester sur les lieux avant de renoncer au projet et de se rallier à un sit-in pacifique organisé à l'autre bout de la capitale.

Selon la police, environ 700 personnes ont pris part à ce rassemblement silencieux en fin d'après-midi sur l'esplanade du Champ-de-Mars, près de la Tour Eiffel.

Le décès de Rémi Fraisse est le premier dans une manifestation réprimée par la police en France métropolitaine depuis 1986.

Il a provoqué une onde-choc dans le pays et mis dans l'embarras le gouvernement socialiste au pouvoir, déjà confronté à de multiples contestations.

Signe du malaise, la ministre de l'Écologie Ségolène Royal a critiqué dimanche la pertinence du barrage de Sivens, évoquant «une erreur d'appréciation» du projet.

Sur place, les participants à la marche silencieuse dimanche ont replanté des arbres autour du lieu où le jeune écologiste a trouvé la mort.

Les opposants au barrage, qui occupent le site depuis plus d'un an, ont affiché leur volonté de préserver cette «zone à défendre», immense campement autogéré, jusqu'à l'abandon définitif du projet, suspendu vendredi par les élus de la région.