Le parti français d'extrême droite Front national, fort de ses récents succès électoraux, s'interroge sur un changement de nom susceptible d'élargir son audience, sur fond de divergences au sein de la famille Le Pen qui règne sur la formation depuis sa fondation.

Figure tutélaire du FN, dont il est toujours président d'honneur, Jean-Marie Le Pen est monté au créneau lundi pour fustiger «un débat tout à fait inutile».

Deux jours auparavant, sa fille Marine, à qui il a cédé il y a trois ans les rênes du parti et que des sondages placent en tête des intentions de vote au premier tour de la prochaine présidentielle de 2017, avait jugé que la question «mérite d'être posée».

«Est-ce que Hermès change de nom? Est-ce que Veuve Clicquot change de nom?», a ironisé Jean-Marie Le Pen, en comparant le nom de son parti avec deux marques emblématiques du luxe français.

«Certains peuvent penser, à tort à mon avis, qu'en changeant de nom, on va capter des gens qui n'oseraient pas venir maintenant (...) Ce serait tromper les gens en fait», a-t-il défendu sur la chaîne BFMTV.

Intervenant samedi devant des sympathisants du mouvement, Marine Le Pen a laissé entendre que les adhérents pourraient être interrogés «d'ici à quelques mois» sur «toute une série de sujets» dont le changement de nom «pourrait faire partie».

L'un des vice-présidents du FN, Florian Philippot, avait évoqué la semaine dernière une telle hypothèse, avançant l'idée qu'elle soit soumise aux militants après le prochain congrès du parti fin novembre.

Le débat ressurgit à la lueur de succès électoraux qui ont permis au FN de renforcer son ancrage ces derniers mois, avec la conquête de 11 villes françaises aux municipales de mars, une première place remportée aux européennes fin mai et deux sièges décrochés fin septembre au Sénat, une première historique.

Au sein de la formation d'extrême droite, la mise au rancart de l'étiquette sulfureuse de «Front national» fait figure de querelle des anciens et des modernes.

À l'inverse de M. Philippot, haut fonctionnaire venu de la mouvance souverainiste qui n'a rejoint le parti qu'il y a trois ans, d'autres responsables plus anciens y sont opposés.

C'est le cas notamment de l'eurodéputé Bruno Gollnisch, compagnon de route historique de Jean-Marie Le Pen et concurrent de Marine Le Pen pour la tête du parti en 2011 qui ne voit «pas pourquoi on abandonnerait une marque en train de gagner».

Fondé en 1972, le «Front national pour l'unité française» s'est très vite appelé «Front national». À plusieurs reprises toutefois, il a utilisé d'autres labels électoraux pour s'élargir, comme le «Rassemblement national» dans les années 80 ou en 2012, le «Rassemblement bleu marine», jeu de mots sur le prénom de sa nouvelle présidente.