L'ex-président de la République française Nicolas Sarkozy a confirmé récemment qu'il entendait retourner en politique dans l'espoir de reprendre la tête de l'État en 2017. La multiplication des enquêtes judiciaires ciblant le politicien et son entourage risque cependant de compliquer grandement le processus. Tour d'horizon des écueils qui le menacent.

L'enquête des écoutes

Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour «trafic d'influence» et «corruption active» relativement à cette affaire, qui découle d'interceptions téléphoniques. L'ex-président et son avocat, Thierry Herzog, auraient offert une promotion à l'avocat général de la Cour de cassation pour obtenir à l'avance des renseignements sur une décision concernant la saisie d'agendas de l'ex-chef d'État. L'enquête est suspendue en attendant qu'un tribunal se prononce sur des requêtes en nullité présentées par les deux hommes.

Arbitrage controversé

L'homme d'affaires français Bernard Tapie, qui était en conflit depuis des années avec le Crédit lyonnais, a obtenu en 2008 - à l'issue d'un processus d'arbitrage - une indemnisation de plus de 500 millions de dollars pour la vente de la firme Adidas. Selon le quotidien Le Monde, des éléments récemment versés au dossier suggèrent que Nicolas Sarkozy a joué un «rôle moteur» dans la tenue de l'arbitrage, qualifié de «simulacre» par le juge d'instruction en charge de l'enquête. Six personnes, incluant l'ex-ministre des Finances Christine Lagarde, ont déjà été mises en examen.

Bygmalion

La firme Bygmalion est une agence de communications proche de l'UMP, parti de l'ex-président. Une enquête est en cours afin de déterminer si elle a produit, à la demande de la formation politique, de fausses factures pour minimiser les frais entraînés par la campagne présidentielle de 2012. Nicolas Sarkozy affirme qu'il n'a jamais entendu parler de cette entreprise avant que la polémique n'éclate, et qu'il ne s'est jamais soucié de la logistique de sa campagne.

Dépassement

L'ex-président est dans la mire de la justice parce qu'il n'a pas remboursé lui-même l'amende imposée par la Commission nationale des comptes en 2013. L'organisation a ordonné au candidat de verser au Trésor public plus de 600 000 dollars après avoir conclu qu'il avait dépassé le plafond de dépenses autorisé pour sa campagne de 2012. La somme a été remboursée directement par son parti, l'UMP, sur recommandation d'un avocat proche de l'ancien chef d'État, alors que le code électoral précise qu'il devait s'en acquitter lui-même.

Les sondages de l'Élysée

L'ex-président a fait signer, peu après son entrée en fonction en 2007, une convention de service liant l'Élysée à un cabinet d'études fondé par l'un de ses conseillers, Patrick Buisson. La situation a été dénoncée quelques années plus tard dans un rapport de la Cour des comptes. L'organisation de contrôle note que l'entreprise a facturé ses études sans supervision et que le gouvernement a déboursé des centaines de milliers de dollars pour des sondages qui ne sont pas exclusifs. Une dizaine d'instituts de sondage sont ciblés par l'enquête. Selon Le Point, l'ex-chef d'État n'est pas visé directement «pour l'instant».

Le financement libyen

Le fils de Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, avait déclaré en 2011, alors que le régime libyen était sous forte pression, que Nicolas Sarkozy devait rendre l'argent versé par la Libye «pour financer sa campagne électorale» en 2007. L'allégation de financement illégale, écartée d'emblée par l'Élysée, a rebondi lorsque le site Mediapart a produit un document suggérant que la Libye avait versé plus de 60 millions de dollars à cette fin. L'ex-président affirme qu'il s'agit d'un faux et poursuit le média en ligne. Une enquête a été ouverte l'année dernière pour faire la lumière sur l'affaire.