La droite a retrouvé la majorité au Sénat en dépit d'une relative résistance de la gauche lors des élections sénatoriales de dimanche, qui ont envoyé pour la première fois deux élus du Front national au palais du Luxembourg.

Il s'agit de la troisième défaite électorale en six mois pour la gauche au pouvoir, après les municipales de mars et les européennes de mai. Petite consolation, «il n'y a pas de vague bleue», a affirmé le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis.

À 22 h, la droite républicaine totalisait 188 sièges, soit 13 de plus que la majorité absolue (175), la gauche 155 et le FN 2. Le sort de trois sièges (en Guyane, à Saint-Martin et en Polynésie) n'était pas encore connu.

Le nouveau président de la Haute assemblée, qui sera élu mercredi pour succéder au socialiste Jean-Pierre Bel, sortira des rangs de l'UMP. Ce sera soit Gérard Larcher, qui a déjà occupé cette fonction de 2008 à 2011, soit l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, Philippe Marini faisant figure d'outsider.

Après un bail de trois ans - une première - pour la gauche, «la parenthèse se referme», a twitté la sénatrice UMP Catherine Deroche pour commenter la victoire de la droite. L'opposition partait largement favorite, de par l'effet mécanique de sa domination lors des municipales de mars.

La nette poussée de la droite se retrouve de manière éloquente dans l'élection de François Baroin: l'ancien ministre UMP, qui abandonne du coup son siège de député, a obtenu 76,58 % des voix. Dans la Vienne, Jean-Pierre Raffarin obtient 59,61 %. À Marseille, le maire Jean-Claude Gaudin est réélu sénateur.

La droite remporte ses succès les plus spectaculaires en Corrèze, en Haute-Saône, dans le Rhône et en Haute-Garonne. Dans l'ancien fief de François Hollande, l'UMP rafle les deux sièges en jeu, infligeant notamment une défaite au successeur de François Hollande à la mairie de Tulle, Bernard Combes, également conseiller à l'Élysée chargé des élus. Dans le Rhône, le parti de Luc Chatel double ses sièges, passant de 2 à 4. Le maire de Lyon Gérard Collomb est toutefois réélu et le PS conserve ses deux sièges.

Recul également du PS dans les Bouches-du-Rhône, à cause du succès de la liste de l'ancien socialiste Jean-Noël Guérini (3 élus), dans la Drôme, département du président des sénateurs socialistes Didier Guillaume, ou encore en Côte d'Or et dans le Finistère.

Revers des communistes et des radicaux de gauche

Mais à gauche, les dégâts sont surtout sensibles pour les radicaux de gauche (PRG) et les communistes. Sensation du scrutin, Jean-Michel Baylet, président du PRG et du conseil général du Tarn-et-Garonne, est battu dans ce département. Anne-Marie Escoffier (PRG), ex-ministre déléguée à la Décentralisation du gouvernement Ayrault, a dû s'incliner dans l'Aveyron.

Secrétaire d'État dans ce même gouvernement, le socialiste Thierry Repentin est battu en Savoie.

Le Front de gauche perd trois des cinq sièges qu'il détenait (Allier, Bouches-du-Rhône, Rhône).

Les socialistes ont mieux résisté. Grâce au changement du mode de scrutin, ils gagnent même un siège dans la Sarthe, le Calvados, la Charente-Maritime, le Calvados, la Saône-et-Loire, et gardent leurs deux sièges dans l'Aude et la Dordogne.

Mais ils voient chuter une de leurs figures au Sénat, Jean-Pierre Michel, qui avait défendu au Palais du Luxembourg la loi sur le mariage homosexuel (et, en 1999, son ancêtre le Pacs).

De son côté, le Front national entre pour la première fois dans l'histoire de la Ve République au Sénat avec deux élus, David Rachline dans le Var et Stéphane Ravier dans les Bouches-du-Rhône, des succès acquis respectivement aux dépens de l'UMP et du Front de gauche. Marine Le Pen s'est félicitée «d'une victoire historique» de son parti.

Au vu du nombre de ses conseillers municipaux, qui forment les gros bataillons des «grands électeurs» sénatoriaux, leur succès n'était pas acquis. Des voix non FN se sont donc portées sur leur nom, la marque d'une «porosité» entre droite et extrême droite, selon le secrétaire d'État Jean-Marie Le Guen.

Seule la moitié du Sénat (179 sièges sur 348) était renouvelée au cours de ce scrutin, dans 59 départements métropolitains et cinq collectivités d'outre-mer. Quelque 87 000 grands électeurs, pour l'essentiel des conseillers municipaux, votaient. Dans 29 circonscriptions (départements ou collectivités d'outre-mer), le vote avait lieu à la proportionnelle (119 sièges concernés), dans les 35 autres (59 sièges en tout) il se déroulait au scrutin majoritaire.