Ancien candidat d'Option nationale, Samuel Bergeron vit à Glasgow et suit la campagne référendaire de près.

À quelques jours du référendum, tous les projecteurs sont braqués sur l'Écosse. Des journalistes de l'étranger débarquent pour couvrir ce qui s'annonce comme un possible électrochoc au Royaume-Uni. La twittosphère et la blogosphère s'en mêlent. Le buzz est à son comble.

Samuel Bergeron lui, n'a pas entendu la dernière ligne droite pour s'intéresser au sujet de l'heure. Voilà plus d'un an que ce Québécois « facebooke » sur la campagne référendaire en direct de Glasgow, où il termine sa maîtrise en économie de l'environnement et du développement durable.

Tout simplement appelée « Un Québécois en Écosse », sa page est un sympathique mélange de revues de presse, d'observations personnelles et de photos prises sur le terrain. On peut y suivre la campagne à travers des anecdotes, des témoignages et des nouvelles d'actualité, le tout parfois relayé avec une pointe d'humour à la québécoise.

« Mon objectif était de raconter comment je vois les choses et de partager du contenu venu de différentes sources. C'est toujours plus facile d'avoir des informations en étant sur place », explique l'universitaire de 28 ans, rencontré dans un des plus vieux pubs de Glasgow.

PARTI PRIS ASSUMÉ

Samuel ne s'en cache pas : sa page Facebook est totalement biaisée. S'il s'efforce de donner le point de vue de chaque côté, il penche nettement du côté du Oui.

« Je n'essaie pas d'être neutre, dit-il. Ce n'est pas une démarche journalistique. Je préfère souligner les bons coups du Oui et les mauvais coups du Non. »

Ce parti pris n'a rien d'étonnant. Samuel est lui-même souverainiste, au point d'avoir déjà fait de la politique active. En 2012, il était candidat d'Option nationale dans Masson. Il n'a récolté que 1,89 % des voix, mais se console d'avoir au moins devancé le Parti vert, une victoire personnelle, considérant son intérêt particulier pour l'environnement.

Ça ne l'empêche pas de rester critique. Il croit que le camp du Oui n'était pas toujours bien préparé pour répondre aux arguments économiques du camp adverse, notamment en ce qui a trait à la livre. Il estime, en revanche, que la propagande du Non était « paternaliste et maladroite », notamment dans ses vidéos sur YouTube.

Il s'étonne, par ailleurs, que la campagne référendaire ait été aussi discrète. Si la passion s'est finalement emparée du camp indépendantiste, il trouve que la pâte a mis du temps à lever.

« Je suis allé à l'extérieur du plateau le soir du second débat télévisé, en espérant prendre des photos de manifestants. Il n'y avait quasiment personne. »

« Ce sont peut-être des raisons historiques. L'Écosse s'est battue il y a plusieurs siècles pour son indépendance, mais le débat actuel, lui, est assez récent. Le SNP (Parti nationaliste écossais) n'a été élu pour la première fois qu'en 2007 et il n'est majoritaire que depuis 2011. Le processus de se battre et d'y croire est moins ancré ici qu'au Québec, où on a eu deux référendums en 35 ans. Ils n'ont pas l'impression de se battre contre quelque chose contre lequel ils se sont déjà battus. »

TIRER DES LEÇONS

Cela étant dit, il est convaincu que le Québec pourrait tirer quelques leçons de la campagne référendaire écossaise.

Il considère que les médias britanniques ont joué leur rôle proprement, sans tomber dans le piège de la « démonisation ». Et il admire plus que tout la façon dont le camp du Oui est parvenu à embarquer les minorités dans son projet d'indépendance.

« J'aimerais comprendre comment ils ont réussi à intégrer les immigrés à ce point. S'il y a quelque chose que Yes Scotland a bien réussi, c'est ça ! »

Samuel Bergeron espère que le référendum écossais ravivera la flamme indépendantiste au Québec. Mais ne comptez pas sur lui pour porter le drapeau des Patriotes.

Sa carrière en politique est terminée, dit-il. À moyen terme, du moins. Peu importe le résultat du référendum, Samuel reviendra au Québec en octobre pour trouver de l'emploi dans son domaine, où l'urgence est un peu plus palpable.

Bien qu'il se sente désormais un peu Écossais, il n'a pas non plus l'intention de s'établir au pays de l'île Noire. Mais il reviendra en décembre à Glasgow pour sa collation des grades, un événement qu'il compte bien célébrer selon la tradition écossaise, « avec un kilt et du whisky ensuite ! ».