L'avenir du Royaume-Uni en tant que nation détentrice du feu nucléaire pourrait être remis en cause en cas d'indépendance de l'Écosse, jugent les experts qui s'interrogent sur la future place qu'aurait alors le pays au sein de la communauté internationale.

Dans le cas d'une victoire du oui au référendum d'autodétermination du 18 septembre, le Parti national écossais (SNP) a d'ores et déjà annoncé que les quatre sous-marins nucléaires britanniques Trident devraient quitter la base de Faslane (ouest de l'Écosse) d'ici à 2020.

Le chef du SNP et fer de lance de la campagne en faveur de l'indépendance, Alex Salmond, a décrit ces sous-marins comme «un affront à la décence élémentaire du fait de leur puissance de destruction inhumaine et aveugle».

Certains experts avancent que le coût et la complexité d'un déplacement pourraient contraindre le Royaume-Uni à rouvrir le débat sur la nécessité même d'avoir une force de dissuasion nucléaire.

«Les forces du mal vont adorer ça, a déclaré en avril l'ancien secrétaire général de l'OTAN, George Robertson, lors d'un discours à Washington. Cela pourrait signer le désarmement nucléaire unilatéral de ce qui resterait du Royaume-Uni».

Or, a souligné Alan West, l'ancien chef de la marine britannique entre 2002 et 2006, «les Américains apprécient que nous soyons une puissance nucléaire. Cela poserait des problèmes avec eux. Au sein de l'OTAN, cela provoquerait une inquiétude. Peut-on vraiment rester un membre permanent du conseil de sécurité? Je ne sais pas».

Pour le moment, le gouvernement britannique affirme n'avoir prévu aucun plan d'urgence pour évacuer et relocaliser les installations de Faslane et celles à proximité de Coulport (ouest) où les ogives sont armées dans les missiles.

Une telle entreprise serait particulièrement ruineuse avec un coût évalué à 8 milliards de livres (10 milliards d'euros) quand le budget annuel de l'armée s'est élevé à 33,5 milliards de livres cette année. Un budget qui a subi, qui plus est, une cure d'austérité depuis quatre ans avec une réduction de 8 %.

«Le budget de la défense ne pourrait pas le supporter», a jugé Alan West, pour qui il reste donc «la possibilité que les gens disent qu'il faut simplement cesser d'être une puissance nucléaire».

Un abandon qui ne serait cependant pas envisageable aux yeux de tous.

Vieillissement des sous-marins

«Il y aura un sentiment d'humiliation au sein du Royaume-Uni, des craintes sur la façon dont le pays sera perçu au niveau international», a estimé le professeur Malcolm Chalmers, du Royal United Services Institute (Rusi), un cercle de réflexion, qui n'imagine pas Londres renoncer à sa force nucléaire.

Parmi les autres problèmes à régler figurent la nécessité de trouver un nouveau site adapté et l'organisation pratique du déménagement qui pourrait prendre plus de temps que la date de 2020 fixée par le SNP.

«Notre estimation est que 2028 serait une date appropriée», a avancé le professeur Chalmers.

Mais au-delà de l'indépendance, l'état vieillissant de la flotte nucléaire britannique pose également question, alors que des décisions sur son renouvellement doivent être prises en 2016, sur fond d'austérité.

Les libéraux-démocrates, alliés du premier ministre conservateur au sein de la coalition gouvernementale, veulent mettre fin aux patrouilles 24 heures sur 24 -- l'un des quatre sous-marins est en mission quelque part dans le monde 24 heures sur 24 -- et ne remplacer que trois des quatre sous-marins.

Tout comme la France, le statut de puissance nucléaire du Royaume-Uni conforte depuis des décennies son poids diplomatique.

Il repose sur un accord scellé avec les États-Unis au moment de la Guerre froide stipulant que Washington fournirait à Londres des missiles nucléaires.

Le président Barack Obama s'est d'ailleurs prononcé en juillet en faveur du maintien de l'Écosse au sein du Royaume-Uni afin qu'il reste «un partenaire solide, robuste, uni et efficace».