Le premier ministre du Royaume-Uni durcit les conditions d'arrivée et d'accueil des immigrés, montrés du doigt pour les difficultés économiques du pays depuis la crise.

Vlad hoche la tête. Ce Roumain de 40 ans est arrivé au Royaume-Uni il y a sept mois, quelques jours après la fin de la limitation d'accès des Bulgares et des Roumains au marché du travail britannique. Il sait qu'il n'est pas particulièrement bienvenu par les autorités. «Je suis là pour travailler comme peintre, comme je le faisais depuis cinq ans en Italie, raconte-t-il. Mes amis disent que je suis fou d'avoir quitté un pays où je vivais depuis longtemps, dont je parlais la langue et où j'avais beaucoup de travail pour venir ici, alors que je ne baragouine que quelques mots d'anglais et que je n'ai pas beaucoup de contacts. Mais j'avais envie de changer de pays.»

David Cameron, le premier ministre, ne s'en réjouit sans doute pas particulièrement. Dans une longue lettre publiée la semaine dernière dans le très conservateur Daily Telegraph, il décrit la mise en place d'un «système d'immigration qui place les Britanniques d'abord».

Pour renverser la politique jugée laxiste de ses prédécesseurs travaillistes, il précise tout d'abord sa volonté de s'attaquer aux abus du système. Il annonce ainsi que 750 faux collèges délivrant des visas à des étrangers se faisant passer pour des étudiants ont été fermés depuis son arrivée au pouvoir en mai 2010 et que 3150 illégaux se sont vu retirer leur permis de conduire. Dès novembre, les propriétaires seront légalement obligés de vérifier le visa de leurs locataires et à partir de décembre, les illégaux ne pourront plus ouvrir de comptes bancaires. Le tout dans un but bien précis: «Une fois identifiés, nous faisons le nécessaire pour qu'il soit plus facile de les expulser [...]. À partir de maintenant, nous aurons la politique suivante: «expulser d'abord, faire appel ensuite».»

Le premier ministre veut ensuite s'assurer que «les bonnes personnes viennent pour les bonnes raisons» et rappeler aux candidats à l'immigration qu'«on ne peut pas s'attendre à venir en Grande-Bretagne et obtenir quelque chose contre rien». Parallèlement à l'imposition d'un visa pour entrepreneurs, les immigrés ne pourront toucher des allocations de chercheurs d'emploi que trois mois après leur arrivée et uniquement pendant une durée de trois mois, «sauf s'ils possèdent un projet professionnel clair».

Pour le travail

Vlad sourit. Il est là depuis sept mois et n'a pas demandé à toucher la moindre aide de l'État. «Sérieusement, vous pensez qu'on s'est déplacés pour vivre sous la pluie et dans le froid pour toucher des allocations? On est là pour travailler, moi, en tout cas, je le suis. Je comprends d'ailleurs les limitations imposées par les autorités. Mais nous ne sommes pas responsables des malheurs du pays.»

Enfin, dans le but de «placer les Britanniques d'abord», les immigrés ne pourront être placés sur une liste d'attente pour un logement social que deux ans après leur installation dans leur localité.

Les agences de recrutement ne seront pas autorisées à ne recruter qu'à l'étranger, elles devront toutes faire de la publicité en anglais dans le pays. Le nombre d'offres d'emplois proposé sur le site européen de recherche d'emploi sera également largement réduit. Cela aura-t-il un effet?

Quel peintre anglais acceptera comme Vlad de travailler pour 6,5 livres sterling l'heure (environ 12$)? «Cela me change de la Roumanie et de l'Italie: en Italie, j'étais payé 50 euros la journée, qui durait souvent neuf ou dix heures; en Roumanie, je peux m'acheter un sac de produits d'alimentation avec le revenu d'une journée de travail alors qu'ici, je peux remplir un panier entier. Je ne suis pas à plaindre.» Sa vie est pourtant loin d'être riante: il partage le logement avec un ami dans une lointaine banlieue de Londres peu reluisante.