L'Union européenne a décidé lundi de bloquer les avoirs d'un homme d'affaires russe proche du président Poutine accusé de bénéficier de l'annexion de la Crimée et veut sanctionner de la même manière trois autres oligarques, a appris l'AFP de source diplomatique.

La décision a été prise au cours d'une réunion des ambassadeurs des 28 pays membres auprès de l'UE et des consultations sont en cours dans les capitales pour la confirmer mardi. «L'accord a été donné lundi pour sanctionner un oligarque et il y a un consensus pour en ajouter trois autres», a expliqué une source proche des négociations.

L'UE va également sanctionner trois entités économiques actives en Crimée et des dirigeants des mouvements séparatistes dans l'est de l'Ukraine, a-t-on précisé. Les identités des personnes et des entités sanctionnées seront publiées mercredi au Journal officiel de l'UE.

L'objectif est de bloquer les investissements dans certains secteurs en Crimée et à Sébastopol, notamment la construction, les transports, les télécommunications et l'énergie , a précisé une autre source européenne proche des négociations.

C'est la première fois que l'Union européenne s'attaque au milieu d'affaires proches du pouvoir en Russie et c'est un signal très clair de sa détermination à réagir pour sanctionner les opération de déstabilisation en Ukraine, a-t-on souligné.

Les autorités allemandes insistaient pour sanctionner les oligarques. «Nous devons geler leurs comptes bancaires dans les capitales européennes et leur retirer leurs autorisations de voyager», avait annoncé samedi le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel. «Nous devons y parvenir la semaine prochaine», avait-il insisté.

La liste noire de l'UE comprend déjà 87 personnes et 20 entités interdites de visas et dont les avoirs dans l'UE sont gelés.

Les oligarques emblématiques ne sont pas encore touchés, car l'UE a besoin de preuves irréfutables de leur implication. Toutes ses décisions peuvent en effet être attaquées devant la Cour de Justice de l'UE. Mais la base juridique a été élargie pour sanctionner toutes les personnes accusées de «soutenir activement» la déstabilisation de l'est de l'Ukraine et l'annexion de la Crimée, ou d'en «bénéficier».

L'UE a déjà placé sur sa liste noire de nombreux membres du Conseil national de sécurité russe avec l'ajout samedi du chef du Service fédéral de sécurité (FSB), Nikolaï Bortnikov, du chef des services de renseignement extérieur, Mikhaïl Fradkov et du secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, ancien chef du FSB.

L'Union européenne doit par ailleurs confirmer mardi l'adoption de sanctions économiques d'envergure concernant l'accès aux marchés financiers, les ventes d'armes, les technologies sensibles dans le domaine de l'énergie et des biens à double usage militaire et civil.

«Les dirigeants européens sont conscients des risques de représailles de la part du pouvoir en Russie, mais ils ont fait les arbitrages après un acte impardonnable et la manière dont il a été géré par le président Poutine», a assuré à l'AFP une source proche des négociations.

«Poutine va essayer de diviser les Européens, et son action sera un test pour l'unité de l'UE», a-t-elle conclu.