Le Concordia, paquebot devenu épave après son naufrage début 2012 sur la côte du Giglio, a repris mercredi la mer pour son ultime voyage, accompagné par l'émotion des habitants de l'île toscane et de quelques survivants.

«Il est difficile de ne pas être ému», a admis à la mi-journée Franco Porcellacchia, ingénieur chez Costa, l'armateur du navire et l'un des acteurs de ce projet titanesque de sauvetage, encore jamais réalisé sur un bateau de cette taille.

«Ils l'ont fait, c'est incroyable», s'est écriée une femme sur le port, où touristes et habitants de l'île s'étaient massés depuis le matin. Aujourd'hui, le Giglio est à nouveau à nous», a lancé de son côté, un autre insulaire, visiblement soulagé.

Près de 500 ingénieurs et ouvriers, de toutes nationalités, ont travaillé pendant deux ans et demi sur l'île de Giglio, tissant des liens avec ses habitants, pour redresser en septembre la coque du paquebot, long comme deux fois le Titanic. L'épave a ensuite été renflouée, mètre par mètre pendant plus d'une semaine à la mi-juillet pour permettre son ultime traversée vers Gênes (nord-ouest), où le navire sera détruit.»

Non loin du port, ces équipes techniques ont célébré la fin de cette mission hors normes autour d'une bouteille de spumante (vin blanc pétillant), certains fumant des cigares tandis que d'autres jouaient avec la reproduction miniature du paquebot, grand comme deux fois le Titanic.

«Aux environs de 11 h (5 h, heure de Montréal) ce matin, le Concordia a commencé son voyage vers Gênes, à une vitesse moyenne de deux noeuds (3,7 km/h), où son arrivée est prévue samedi ou dimanche», a officiellement annoncé Costa dans un communiqué.

Ce départ, très attendu par les quelque 1500 habitants de ce paradis touristique au coeur de la réserve naturelle de l'archipel toscan, a été salué par des sirènes de bateau et les cloches des églises.

«Tout se déroule comme prévu, c'est un grand jour pour le Giglio, mais nous ne serons vraiment sereins qu'une fois arrivés à Gênes», a déclaré Nick Sloane, maître d'oeuvre de cette opération, au début des manoeuvres d'appareillage.

«Nous espérons qu'avec le départ de ce bateau, toutes les choses que nous avons en nous partiront également», a confié de son côté à l'AFP Anne Decré, du collectif français des survivants du Concordia.

Avant d'ajouter: «que ce bateau poursuive sa route, afin que nous puissions continuer la nôtre», en serrant les mains de son amie Nicole Servel, qui a perdu son mari la nuit du naufrage.

«Satisfaction mesurée et sobre»

La catastrophe avait fait 32 morts et des dizaines de blessés parmi les plus de 4200 passagers et membres d'équipage de 70 nationalités qui se trouvaient à son bord.

Le chef de la Protection civile italienne, Franco Gabrielli, qui a supervisé toute l'opération de sauvetage depuis deux ans et demi, a appelé à une «satisfaction mesurée et sobre» lors d'une conférence de presse.

Tirée par deux puissants remorqueurs,l'épave du paquebot, long de près de 300 mètres, et pesant quelque 114 500 tonnes, est escortée par 12 autres embarcations tout au long d'une navigation de près de 280 km.

Il passera à 25 km de la Corse, près de l'île d'Elbe avant son arrivée dans les chantiers navals du port de Gênes.

Trois taches d'hydrocarbures

Trois taches d'hydrocarbures ont été repérées par un avion italien sur le trajet que va prendre le Concordia.

L'avion de la capitainerie du port «a relevé trois anomalies, trois présences à la superficie de la mer (...), deux dans les eaux françaises, une dans les eaux italiennes», a affirmé l'amiral Giovanni Pettorino lors d'une conférence de presse sur l'île.

Celle dans les eaux italiennes est constituée «d'une fine pellicule d'hydrocarbure, négligeable», tandis que les taches repérées dans les eaux françaises (au large de la Corse, ndlr) semblent moins étendues», a-t-il ajouté, soulignant que le Concordia n'avait aucun lien avec ces taches.

Le ministre de l'Environnement italien, Gian Luca Galletti, a lancé immédiatement un «processus de validation» des résultats des relevés effectués dans la zone contrôlée, afin de vérifier l'éventuelle présence d'hydrocarbures.