Cinq ONG russes, dont la principale organisation de défense des droits de l'homme Memorial, ont été enregistrées lundi par le ministère de la Justice comme «agents de l'étranger», une dénomination controversée qu'elles rejettent.

Les ONG russes Memorial, Agora, Verdict public, Avocats pour la liberté et les droits constitutionnels (Jurix), et le groupe pour la défense de l'environnement Ekozachita, mènent des «activités politiques» et bénéficient de financements étrangers, ce qui justifie leur enregistrement en tant qu' «agents de l'étranger», a expliqué le ministère de la Justice dans un communiqué rapporté par l'agence de presse russe Ria Novosti.

Trois des ONG - Memorial, Jurix et Verdict public - ont annoncé rejeter cette appellation, connotée très négativement en Russie où elle était appliquée aux opposants accusés d'être à la solde des Occidentaux dans les années 1970 ou 1980.

«La détermination des autorités russes à décimer les organisations de la société civile indépendante reste inébranlable», a dénoncé dans un communiqué John Dalhuisen, en charge de l'Europe et de l'Asie centrale pour l'ONG Amnesty International.

«La question que devraient se poser les Russes, c'est: qui va protéger leurs droits lorsque (ces ONG) auront disparu?», a-t-il poursuivi.

Fin mars, le président russe Vladimir Poutine avait déclaré que la loi sur les ONG qui oblige celles bénéficiant de financements étrangers et ayant une activité politique à s'enregistrer et s'afficher comme des «agents de l'étranger», devait être améliorée.

La loi, passée en juin 2012 lors de son retour au Kremlin pour un troisième mandat, avait alors été renforcée, permettant au ministère de la Justice d'enregistrer sous cette appellation des ONG russes sans leur consentement.