Le président François Hollande a tenté lundi de rassurer les Français éreintés par la crise économique, les appelant à avoir confiance en eux et leur promettant des baisses d'impôts en 2015.

«On fera en sorte qu'il y ait plusieurs centaines de milliers de Français qui payent moins d'impôts» l'année prochaine, a assuré M. Hollande, dans un entretien accordé aux chaînes de télévision privée TF1 et publique France 2 à l'occasion de la célébration de la fête nationale du 14 Juillet.

«Il y a une espèce de maladie qui n'est pas grave mais qui peut être contagieuse, où on est toujours dans la déploration et le dénigrement... Il faut être fiers», a lancé le président français.

«Ce que j'essaie de dire aux Français, c'est qu'il faut qu'ils aient confiance en eux». «Ne dites pas du bien du président de la République, je ne vous en demande pas tant, ni du gouvernement, j'espère que ça viendra, mais dites du bien de votre pays», a insisté François Hollande.

Son intervention télévisée est survenue dans un contexte de bronca sociale, de chômage endémique en France - environ 10% de la population active - et de fronde dans sa majorité. Grève des cheminots, mouvement des intermittents du spectacle, boycottage par une partie des syndicats de la Conférence sociale... à chaque fois, l'exécutif a répondu par la fermeté quitte à écorner le dialogue social cher à M. Hollande.

Sans surprise, l'opposition de droite a jugé le président «déconnecté de la réalité», oscillant entre «déni et impuissance». Le patron du syndicat Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a regretté que François Hollande persiste sur une «fausse route» avec une logique libérale conduisant à une «croissance faible».

Le président socialiste a admis que si la reprise économique était là, elle restait «trop fragile, trop hésitante, trop vulnérable».

Mais il y a les «entreprises qui font valoir les atouts de la France», «le savoir-faire, la qualité touristique, l'accueil et l'artisanat», «les agriculteurs qui font des produits merveilleux», «des professeurs qui se dévouent», a relevé le chef de l'Etat en invitant ses concitoyens à être «fiers».

Unité du président et de son premier ministre ?

François Hollande a aussi reconnu s'être trompé en promettant une inversion de la courbe du chômage pour fin 2013, alors que ce dernier n'a cessé de progresser sous sa présidence.

«J'avais dit qu'on allait inverser la courbe du chômage, c'était toute la passion qu'on avait mise, toute la volonté qui était la nôtre, et puis ce n'est pas venu».

Mais une «nouvelle impulsion» est en cours pour lutter contre le chômage, a-t-il ajouté. «J'aurais pu m'arrêter là, en disant: +on n'a pas réussi+. J'ai dit au contraire: +on n'a pas réussi, on va donner une nouvelle impulsion, une nouvelle accélération+ et c'est le pacte de responsabilité et de solidarité», a précisé le président français.

Ce «pacte de responsabilité», destiné à redonner de la compétitivité à la France, prévoit un allègement de charges pour les entreprises en échange d'une promesse d'embauches et d'investissements jusqu'en 2020.

A cet égard, François Hollande a jugé qu'il revenait maintenant aux entreprises de montrer leur confiance dans l'économie française.

Le président français a aussi annoncé des réformes en 2015 dans le domaine de la santé et un changement «majeur» pour «l'accompagnement du très grand vieillissement». «Je veux que la jeunesse soit toujours la priorité, l'éducation, le numérique», a-t-il aussi dit en annonçant «un grand plan pour le numérique à l'école».

«Santé, grand âge, jeunesse, éducation. Puis il y a les réformes de société et institutionnelles», qui «viendront en 2016», a aussi indiqué M. Hollande.

Alors que son premier ministre Manuel Valls, nommé en avril, vient de passer le cap des 100 jours de gestion gouvernementale, le président a assuré qu'il n'y avait pas «le moindre différend» entre eux deux.

«Rien ne peut nous séparer» dans l'objectif de réussite du pays, a-t-il insisté, en réponse à une question sur les prises de position de Manuel Valls qui ont pu sembler trancher avec la ligne présidentielle. «Si j'ai choisi Manuel Valls c'est parce qu'il met de l'efficacité, il met de l'organisation et il met aussi de la rapidité», a-t-il précisé.

Dans la matinée, le chef de l'Etat et des armées avait présidé le traditionnel défilé militaire du 14 Juillet sur les Champs-Élysées, à Paris, d'une dimension inédite avec la participation de près de 70 pays.

Sur le thème, «une armée puissante et moderne», choisi pour illustrer les ambitions politiques de la France et les capacités de ses armées, 4000 militaires ont descendu la prestigieuse avenue au centre de Paris.