L'opération sans précédent de renflouement du paquebot Concordia, dont le naufrage le 13 janvier 2012 devant l'île toscane du Giglio avait fait 32 morts, devait débuter lundi et se prolonger au moins jusqu'au week-end.

Les ingénieurs et ouvriers, à pied d'oeuvre depuis des semaines, lanceront l'opération vers 6h, en commençant à injecter de l'air dans les quelque 30 caissons entourant l'épave longue de près de 300 mètres.

«C'est une opération très complexe», a reconnu dimanche devant la presse Franco Gabrielli, qui dirige l'agence de la protection civile supervisant l'opération.

Et de la bonne réussite de celle-ci dépendra le départ du géant des mers vers le port de Gênes (nord), où il sera démantelé, deux ans et demi après son naufrage.

La partie la plus délicate de ce renflouement, jamais encore tenté sur un bateau de cette taille, sera le début, quand les ingénieurs espèrent relever les 114 500 tonnes du navire d'environ deux mètres.

Alors seulement ils pourront le déplacer un plus au large, où il sera solidement positionné à l'aide de quelque 56 chaînes et 36 câbles d'acier.

Le pire scénario

«Le risque, c'est que le bateau se casse ou que les chaînes qui soutiennent sa coque se rompent», a souligné à l'AFP le Sud-Africain Nick Sloane, maître d'oeuvre de l'opération de renflouement, dont il est le spécialiste mondial.

Le pire scénario, a expliqué à l'AFP Giorgia Monti, de l'association écologiste Greenpeace, qui a prévu d'envoyer une équipe d'observateurs pour surveiller l'opération sur l'île, l'une des réserves marines les plus importantes d'Europe.

À la tête d'une équipe d'experts, M. Sloane, pour qui le sauvetage du Concordia restera «son plus grand défi» en vingt ans de carrière supervisera les différentes étapes de l'opération à partir d'une salle de contrôle.

«Il y aura 42 personnes à bord au cours de la première manoeuvre. Si une catastrophe intervient, elles seront évacuées en urgence à la poupe et à la proue», a expliqué M. Sloane.

Cette première phase est censée durer six heures. Et si tout se passe comme prévu, tous les caissons seront positionnés mardi ou mercredi pour cette fois véritablement renflouer le navire.

«C'est le point de non-retour», a assuré l'ingénieur Franco Porcellacchia.

Cette deuxième phase débutera jeudi pour se prolonger jusqu'à samedi. L'air emplira tous les caissons, et les superstructures du navire seront dégagées de tout débris afin de permettre une navigation sûre.

«Opération sans précédent»

«C'est une opération sans précédent, et comme toute chose réalisée pour la première fois, il y a des risques. Mais nous sommes confiants», a assuré M. Porcellacchia.

Un dernier contrôle et le paquebot reprendra la mer, en principe le 21 juillet, pour son dernier voyage à destination de Gênes.

Menée par l'armateur italien et effectuée par le consortium américano-italien Titan-Micoperi, l'opération de sauvetage organisée dès le naufrage du navire en janvier 2012 représente un coût total de quelque 1,1 milliard d'euros.

La dernière traversée méditerranéenne du géant des mers - longue de 280 km - durera quatre jours environ, pour se terminer vers le 25 juillet. L'épave devrait passer à 25 km de la Corse, près de l'île d'Elbe, et à 10 km de l'île italienne de Capraia.

Le Concordia a fait naufrage après avoir violemment heurté un rocher devant le Giglio, entraînant la mort de 32 personnes et faisant des dizaines de blessés sur les plus de 4200 occupants de 70 nationalités, qui se trouvaient à son bord.

Le corps d'un serveur indien, Russel Rebello, qui n'a toujours pas été retrouvé malgré d'intenses recherches, pourrait d'ailleurs être repêché à l'occasion du renflouement.

Alors que d'autres membres de l'équipage ont négocié des peines à l'amiable, le commandant  du paquebot Francesco Schettino est le seul à être jugé à Grosseto (Toscane, centre) pour homicides par imprudence, naufrage et abandon de navire.