Un ancien dirigeant des camps de détention serbes mis en place dans la région de Sarajevo au début de la guerre intercommunautaire de Bosnie (1992-95), Branko Vlaco, a été condamné vendredi à 15 ans de prison pour «crimes contre l'humanité».

Âgé de 61 ans, Vlaco a été reconnu coupable d'avoir mis en place et dirigé, entre mai et octobre 1992, quatre centres de détention à Vogosca, une banlieue de la capitale bosnienne, où avaient été détenus des civils musulmans et croates.

«Branko Vlaco a participé à l'expulsion et à l'exécution de civils», a dit la juge Minka Kreho.

«Il a commis des crimes contre l'humanité et ce tribunal le condamne à une peine de 15 ans d'emprisonnement», a-t-elle ajouté.

La juge a raconté en détail la mort de plusieurs dizaines de prisonniers sur la ligne de front où ils avaient été exposés en tant que +boucliers humains+ ou encore pendant des tortures dans les centres de détention.

«Le prévenu envoyait des prisonniers en tant que +boucliers humains+ en groupes de 30 à 50 personnes», a insisté Mme Kreho, précisant qu'il s'agissait d'une pratique «récurrente» malgré les rapports à propos du décès de prisonniers sur la ligne de démarcation.

Selon les associations de victimes, quelque 800 civils avaient été incarcérés dans les camps serbes à Vogosca, dont environ 300 ont été tués. Une soixantaine sont toujours portés disparus.

La guerre de Bosnie, qui a vu s'affronter les trois principales communautés de ce pays - musulmane, serbe et croate -, a fait environ 100 000 morts et plus de deux millions de personnes sont devenues des réfugiés ou ont été déplacées, soit la moitié de la population bosnienne à l'époque.