Le gendre de la milliardaire monégasque Hélène Pastor, consul honoraire de Pologne à Monaco, a reconnu son «implication» dans l'assassinat de sa belle-mère, grande figure de la principauté abattue par des tueurs à gages selon un scénario digne d'un polar.

Placé en garde à vue lundi en compagnie de 22 autres personnes, dont sa compagne Sylvia Pastor, Wojciech Janowski, 64 ans, a avoué son «implication» dans l'assassinat, a déclaré vendredi à l'AFP le procureur de Marseille, Brice Robin, renvoyant pour plus de détails à une conférence de presse en fin d'après-midi.

Entre-temps, la fille d'Hélène Pastor, Sylvia, avait été libérée sans charge dans la nuit de mercredi à jeudi. Dix autres personnes avaient auparavant été relâchées.

Depuis plusieurs jours, l'étau semblait se resserrer autour du gendre d'Hélène Pastor.

Mardi, le procureur avait fait état de «flux financiers suspects» sur les comptes bancaires de cet homme d'affaires polonais, président de la société monégasque Firmus SAM, spécialisée dans les nanotechnologies.

«On peut penser à un contrat», avait aussi dit le procureur, laissant entendre qu'il pourrait dépasser les centaines de milliers d'euros.

Selon le quotidien français Le Parisien, le coach sportif de Wojciech Janowski aurait avoué avoir commandité l'assassinat à la demande de ce dernier.

Engagé dans des oeuvres caritatives - il est notamment vice-président de l'association Monaco contre l'autisme (Monaco against autism, MONAA) -, M. Janowski était consul honoraire de Pologne à Monaco depuis 2007 ce qui ne lui octroie pas l'immunité diplomatique.

Deux Marseillais d'origine comorienne de 31 et 24 ans figurent comme les principaux suspects dans l'assassinat, la police ayant établi avec certitude leur présence sur les lieux du crime le 6 mai.

Bombe sur le Rocher

Ce jour-là, Hélène Pastor, 77 ans, et son chauffeur-majordome Mohamed Darwiche, 64 ans, ont été mortellement atteints par deux coups de fusil à canon scié tirés par la vitre passager avant devant l'hôpital L'Archer de Nice (sud), où la milliardaire venait de rendre visite à son fils, victime d'un AVC, Gildo Pallanca-Pastor.

Dans l'univers feutré de la Principauté de Monaco, plus habituée aux paillettes et aux frasques des stars qu'aux affaires de meurtres, cette embuscade a fait l'effet d'une bombe et les rumeurs les plus fantaisistes avaient fourmillé sur «le Rocher» peuplé de 30 000 résidants privilégiés où le moindre m2 se négocie à prix d'or.

Entendue sur son lit d'hôpital peu avant sa mort par les enquêteurs, la riche et très discrète héritière, qui se montrait peu dans les événements publics de la Principauté, n'avait donné aucune piste sur le mobile du crime, disant ignorer tout des raisons de l'attaque.

Femme au caractère bien trempé, Hélène Pastor était très investie dans son travail et consacrait aussi beaucoup de temps à ses deux enfants, selon ses proches.

Hélène Pastor était l'héritière d'un empire monégasque de bâtisseurs, fondé par son grand-père italien Jean-Baptiste, issu d'une famille pauvre de Ligurie (Italie), et développé ensuite par son père, Gildo.

La famille a largement façonné le paysage de la principauté, en bâtissant des immeubles d'habitation et des bureaux au fil des décennies, tout en gardant la propriété extrêmement lucrative de ses constructions. Ce patrimoine génère des loyers astronomiques, ticket d'entrée en principauté pour un nouveau résident, exempté ensuite d'impôts sur le revenu.