Le gouvernement islamo-conservateur turc a déposé jeudi au Parlement un projet de réforme destiné à raviver le processus de paix, actuellement au point mort, avec les séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le chef historique du PKK, Abdullah Öcalan, qui mène les discussions avec Ankara, a salué cette initiative qu'il a qualifiée de «développement historique».

M. Öcalan a fait ce commentaire à des députés prokurdes qui lui rendaient visite jeudi sur son île-prison d'Imrali (nord-ouest), où il purge une peine de prison à vie.

Le texte présenté aux députés propose un cadre légal aux discussions que mènent depuis l'automne 2012 les responsables gouvernementaux turcs avec M. Öcalan.

Ce projet prévoit ainsi la protection juridique des responsables du pays impliqués dans les négociations avec le PKK, considéré par la Turquie et une bonne partie de la communauté internationale comme une organisation terroriste.

Il prépare aussi la réhabilitation des combattants du PKK en autorisant le gouvernement «à prendre les mesures nécessaires pour leur retour dans leur foyer et leur participation et l'intégration à la vie sociale», précise le texte.

Le Parti gouvernemental de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) dispose d'une majorité au Parlement où le projet devrait être rapidement voté d'ici à la première semaine de juillet, a-t-on précisé de source parlementaire.

«Nous nous approchons du moment où ces problèmes vont se résoudre, la violence va cesser, (les combattants) vont déposer leurs armes, quitter les montagnes et renouer avec une vie normale», a estimé devant la presse, le vice-premier ministre, Besir Atalay.

Cette initiative intervient avant l'annonce attendue, le 1er juillet, de la candidature du premier ministre Recep Tayyip Erdogan à l'élection présidentielle des 10 et 24 août.

Le projet de loi doit être voté par la majorité AKP avant les vacances parlementaires, repoussées pour l'occasion au 25 juillet.

M. Erdogan compte sur le soutien d'une partie de la minorité kurde du pays, estimée à environ 15 millions de personnes soit 20 % de sa population, pour être élu dès le premier tour de scrutin, pour la première fois au suffrage universel direct.

Le coprésident du principal parti prokurde de Turquie, le Parti démocratique du peuple (HDP), Selahattin Demirtas, a salué le projet du pouvoir, mais averti que «la paix ne devait pas être l'otage» de la présidentielle.

Engagées fin 2012, les discussions avec le PKK piétinent.

Le cessez-le-feu décrété en mars 2013 par cette organisation est respecté dans l'ensemble, mais le PKK a interrompu au cours de l'été dernier le repli de ses combattants vers leurs bases irakiennes pour dénoncer la lenteur des négociations en cours.

La tension s'est brusquement aggravée ces dernières semaines dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie où des heurts ont coûté la vie à au moins trois Kurdes.

Le conflit kurde a fait plus de 45 000 morts depuis 1984.