Les cheminots ont de nouveau reconduit leur grève mardi, refusant de désarmer au septième jour de leur mouvement de protestation contre la réforme ferroviaire, dont les députés ont entamé l'examen, prévu jusqu'à jeudi.

Les assemblées générales de grévistes ont reconduit pour 24 heures le mouvement lancé il y a une semaine par la CGT-Cheminots et SUD-Rail.

Mardi, le taux de participation à la grève s'est maintenu à 14,1%, selon la direction de la SNCF. Elle a relevé «une décroissance» du mouvement «chez les conducteurs et contrôleurs», où le mouvement est le plus fortement suivi, ce qui va permettre «une très nette amélioration du trafic» mercredi.

Mais les manifestations sur le terrain se sont ajoutées à la grève et des cheminots ont brièvement bloqué des voies à la gare Montparnasse à Paris, et à l'entrée de Nîmes. A Lille, environ 300 personnes se sont rassemblées devant la gare Lille-Flandres avec des banderoles disant «Les Ch'timinots en colère». A Toulouse, ils étaient 300 à 400.

A Paris, les cheminots ont manifesté près de l'Assemblée pour faire pression sur les députés qui ont commencé en fin d'après-midi l'examen de la réforme.

A l'ouverture des débats, le secrétaire d'État aux Transports Frédéric Cuvillier a appelé les députés à ne pas se lancer dans «une bataille parlementaire du rail» et à soutenir «un pacte national pour assurer financièrement la pérennité de ce qui est pour nous un modèle de service public».

Le projet de loi vise à regrouper dans une holding publique la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), à préparer son ouverture totale à la concurrence et à stabiliser la dette du secteur ferroviaire (44 milliards d'euros).

Le devenir de la dette de RFF est un des sujets d'inquiétude portés par les cheminots en grève. Manuel Valls a confirmé mardi la remise prochaine au Parlement d'un rapport consacré à cette dette, afin d'établir des «solutions envisageables» à moyen terme «à cette dette insupportable».

Ne pas «faire durer les débats» 

Après la discussion générale qui a occupé la soirée de mardi, l'examen du texte débutera mercredi après-midi article par article. Près de 400 amendements ont été déposés.

Frédéric Cuvillier s'est engagé, à l'issue de cette discussion, à accepter une série d'amendements, notamment sur la création d'un comité central d'entreprise commun au niveau de la holding SNCF.

Faute d'avoir obtenu le report du débat parlementaire, le Front de gauche entend porter dans l'hémicycle, via une soixantaine d'amendements, les revendications des grévistes, pour qui cette «réunification de façade» ne résout pas l'endettement.

Les socialistes soutiennent le gouvernement, même si certains, à l'instar du député PS Sébastien Denaja, ont tenu à souligner que les cheminots, grévistes ou non, «ne défendent pas des intérêts corporatistes».

A droite, si l'UDI s'est dite «encline» à voter le texte, l'UMP, quoique divisée, a fait part de son opposition par la voix de l'ancien ministre des Transports Dominique Bussereau, jugeant que ce texte n'était pas dans une logique d'ouverture à la concurrence.

Mais le président du groupe UMP Christian Jacob s'est engagé à ne pas «faire durer les débats» pour ne pas donner de prétexte à une prolongation «d'une grève scandaleuse».

Plus des trois quarts des Français se disent opposés à cette grève, la plus longue depuis 2010 à la SNCF, selon un sondage. Le leader de la CGT-cheminots, Thierry Lepaon, a accusé le gouvernement et la SNCF de «mentir» aux Français, tandis que le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly lui a reproché son «autoritarisme».

Exaspérée, la direction de la SNCF fait ses comptes: la grève a coûté 100 millions d'euros, entre le manque à gagner des trains ne circulant pas et l'indemnisation exceptionnelle des voyageurs abonnés.

Selon la direction, les usagers verront une «très nette amélioration du trafic» mercredi. Sept TGV sur dix doivent rouler sur l'axe Est, deux sur trois sur les axes Nord et Atlantique, et quatre sur dix sur l'axe Sud-Est et province-province.

Sur les autres lignes, un train Intercités sur deux circulera en moyenne et six TER sur 10. En Ile-de-France, il est prévu un RER sur deux sur les lignes C et E. A Paris Nord, un train circulera toutes les 7 minutes sur la ligne B et un toutes les 10 minutes sur le RER D Nord. Le trafic reste normal sur le RER A.