La grève dure depuis maintenant une semaine. La moitié des trains sont arrêtés. La SNCF a perdu 125 millions d'euros (quelque 185 millions de dollars). Mais le gouvernement français n'a pas l'intention de reculer sur sa réforme ferroviaire.

Hier, au sixième jour de la grève des cheminots, les voyageurs restaient pour la plupart calmes malgré les changements à leurs plans de voyage à la gare de Lyon à Paris. Depuis le début de la grève - la plus longue grève ferroviaire en France depuis celle de deux semaines en 2010 - environ la moitié des grandes liaisons de train au pays ont été annulées. Il s'agit de la grève la plus coûteuse à la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) depuis 2001.

«J'avais prévu partir la veille pour mon rendez-vous d'affaires à Grenoble de toute façon. Et si on refuse le droit de grève, le droit de s'exprimer, ce n'est pas mieux. Le jour où j'aurai besoin de ce droit, je serai content de l'avoir», dit Ludovic Lemieux, directeur technique d'une entreprise de traitement des eaux, qui s'apprêtait à prendre le train à la gare de Lyon à Paris. «Cette grève me dérange. Si au moins on comprenait les récriminations et les enjeux de cette grève», dit Patricia, une voyageuse qui garde néanmoins le sourire.

Entre deux coups d'oeil sur ses deux enfants et leurs valises, une touriste californienne constatait les conséquences fâcheuses de son train annulé. «Nous devons être à Fontainebleau ce soir et je ne vois pas de solution jusqu'à présent», dit Ann Gaglioti.

La solution ne viendra pas du président français François Hollande. Ni de son premier ministre Manuel Valls. À l'origine de cette grève des employés de la SNCF: leur projet de réforme ferroviaire, qui sera examiné à l'Assemblée nationale à partir d'aujourd'hui. Une réforme complexe, mais qui permettra essentiellement à la SNCF de stabiliser sa dette de 44 milliards d'euros (65 milliards de dollars) et de préparer son ouverture à la concurrence rendue obligatoire - par une directive européenne - en 2019.

Les syndicats s'inquiètent de changements aux conditions de travail avec cette réforme. «Il y a un moment où il faut savoir arrêter un mouvement et être conscient des intérêts de tous», disait le président François Hollande vendredi dernier. Hier, c'était au tour du premier ministre Manuel Valls d'expliquer que «la réforme est difficile mais pour le bien de chacun il faut continuer».

Le mouvement faiblit

Pour l'instant, le gouvernement semble en bonne posture pour gagner son pari. Hier, le premier jour des examens de fin d'études secondaires (le «bac» en France) s'est déroulé sans trop d'anicroches grâce à des mesures spéciales mises en place par la SNCF.

De 27% au départ mercredi dernier, la proportion des grévistes a diminué à 17% des employés. Pour les touristes, les TGV internationaux ne sont pas touchés, sauf ceux vers l'Italie et l'Espagne. «La SNCF doit se réformer, dit Eric, un chef de train de la SNCF qui a choisi dès le début de ne pas faire la grève. C'est une grève compliquée. À l'interne, on entend que la SNCF ne met pas tout en oeuvre pour que le service reprenne normalement.»

- Avec l'Agence France-Presse, Le FigaroLe MondeLe Parisien

EN CHIFFRES

125 millions

Coût de la grève pour la SNCF en euros

7

Nombre de jours de grève

17,5 %

Pourcentage des employés de la SNCF en grève aujourd'hui