Les conservateurs finlandais ont élu samedi Alexander Stubb, ancien chef de la diplomatie de Finlande et amateur de marathons, au poste de premier ministre chargé de redresser une économie embourbée dans la récession.

Quelque 850 délégués du parti conservateur Kokoomus ont pris part samedi matin à un vote organisé à Lahti, au nord d'Helsinki, pour remplacer le conservateur Jyrki Katainen à la tête du gouvernement.

M. Stubb, 46 ans, chef du parti, a été élu avec 500 voix, contre 349 pour la seconde candidate en lice au deuxième tour, Paula Risikko actuelle ministre des Affaires sociales.

«Je vais maintenant téléphoner aux responsables des autres partis du gouvernement et parler avec eux du calendrier des négociations portant sur le prochain gouvernement», a déclaré M. Stubb lors de la conférence de presse qui a suivi son élection.

Alexander Stubb, ministre du Commerce extérieur dans le gouvernement sortant, est connu pour ses positions libérales en économie. Partisan convaincu de l'orthodoxie de la Commission européenne et de l'adhésion de son pays à l'OTAN, l'ancien ministre des Affaires étrangères (2008-2011) était sans conteste le plus populaire des trois candidats en lice pour remplacer le premier ministre Katainen qui avait, lui, annoncé en avril vouloir rejoindre les institutions européennes.

Connu en Finlande pour son carnet d'adresses impressionnant de dirigeants européens et mondiaux, le quadragénaire est passionné de diplomatie.

Son style décontracté est surtout apprécié des jeunes citadins Finlandais et il ne rechigne jamais à se montrer publiquement en tenue de sport, amateur notamment de triathlon et de marathon.

Alexander Stubb est aussi la personnalité politique finlandaise la plus en vue sur Twitter où il compte 113 000 abonnés.

«On va gagner les législatives»

Le nouveau Premier ministre sera vite plongé dans une période pré-électorale, puisque des législatives doivent avoir lieu au plus tard le 19 avril 2015. Une échéance pour laquelle il a tout de suite affiché son optimisme: «Je vous assure qu'on va gagner les élections législatives», a-t-il affirmé.

Or M. Katainen, qui avait été élu à seulement 37 ans meilleur ministre des Finances d'Europe en 2008 par le quotidien Financial Times, laisse son pays dans une situation économique difficile.

«Notre nation a besoin de deux choses: d'abord (...) d'une stabilité politique (...) deuxièmement (...) d'une prévisibilité de la politique économique», a souligné M. Stubb.

La Finlande a rejoint la cohorte des membres de la zone euro qui courent en vain après la croissance: elle en est pour sa part à huit trimestres consécutifs de recul ou de stagnation du produit intérieur brut (-0,4 % au premier trimestre). Cela faisait 20 ans que le pays n'avait pas connu une récession aussi longue.

La dette publique, juste sous les 50 % du PIB à l'arrivée de M. Katainen au pouvoir en 2011, devrait dépasser cette année la limite de 60 % prévue par le traité de Maastricht. Le «triple A» attribué à la dette du pays par les trois grandes agences de notation paraît bien fragile.

Lundi, M. Katainen devait remettre sa démission au président Sauli Niinistö. M. Stubb devrait annoncer d'ici à la fin du mois la composition de son gouvernement, sans trop bouleverser l'équilibre entre les partis qui le composent.

Le parti conservateur détient 44 des 200 sièges du Parlement. Il est arrivé en tête des élections européennes en mai, avec 22,6 % des voix, devant son principal opposant, le Parti du centre (19,7 %) et un parti eurosceptique et anti-immigration, les Vrais Finlandais (12,9 %).

Le premier à féliciter M. Stubb a été Carl Bildt, le chef de la diplomatie suédoise. Sur son compte Twitter, il a qualifié le nouveau premier ministre du pays voisin de «leader moderne pour un pays moderne».

Alexander Stubb a poursuivi des études au Collège de l'Europe en Belgique, à la London School of Economics, à la Furman University (Caroline du Sud) aux États-Unis et à l'Université de la Sorbonne à Paris.

Profil international oblige, M. Stubb parle couramment le français, l'allemand, l'anglais et le suédois. Il est marié à une avocate anglaise, avec qui il a eu deux enfants.