Le Parti du Premier ministre sortant Hashim Thaçi a revendiqué la victoire aux élections législatives anticipées de dimanche, ce qui lui donnerait un troisième mandat consécutif à la tête du gouvernement de cette jeune nation, indépendante de la Serbie depuis 2008.

«Je confirme que le Parti démocratique du Kosovo (PDK) a remporté les élections. Selon notre comptage, le PDK est en tête avec une solide majorité», a lancé à une foule de sympathisants Kadri Veseli, numéro 2 de Hashim Thaçi, dont l'objectif affiché est l'intégration de son pays dans l'Union européenne.

Selon des résultats préliminaires officiels, le PDK arrive en tête du scrutin avec 31,38% de voix, largement devant le principal parti d'opposition LDK (25,22%), de l'ex-maire de Pristina, Isa Mustafa, 63 ans.

Cependant, tout comme dans la législature sortante, le parti de M. Thaçi sera obligé de former une coalition afin d'avoir une majorité et de pouvoir gouverner.

Ancien chef de la guérilla indépendantiste reconverti dans la politique, M. Thaçi, âgé de 46 ans, se présentait néanmoins fragilisé par une mauvaise situation économique et un taux de chômage de 35% pour une population de 1,8 million d'habitants.

«La victoire de Thaçi n'a jamais été aussi incertaine», avait estimé l'analyste politique Behlul Beqaj, selon lequel un faible taux de participation jouerait néanmoins en faveur du Premier ministre sortant.

«Notre État est un nouveau pays européen avec d'importantes opportunités de développement que nous allons mettre au profit du peuple», a dit M. Thaçi après avoir voté.

«Le gouvernement n'a pas été à la hauteur de la tâche», estimait toutefois, Nazmi Jashari, un retraité de 66 ans. «Nous devons le remplacer», ajoutait-il.

47% des 1,8 million d'habitants vivent dans la pauvreté

M. Thaçi a pourtant favorisé le rapprochement du Kosovo avec l'Union européenne (UE) en contribuant à la conclusion, en avril 2013, d'un accord historique pour améliorer les relations avec la Serbie, sous la houlette de Bruxelles même si  Belgrade refuse toujours de reconnaître l'indépendance du Kosovo.

La participation des quelque 120 000 Serbes du Kosovo à ce scrutin - en particulier les 40 000, majoritaires dans le Nord, limitrophe de la Serbie, où Pristina n'exerce pratiquement aucun contrôle -, était considérée comme cruciale pour le rapprochement de Pristina avec l'UE.

Dix sièges sont garantis aux Serbes au sein du Parlement kosovar qui en compte 120.

Le gouvernement serbe, qui a ouvert en janvier des négociations d'adhésion à l'UE, a exhorté la communauté serbe à se rendre aux urnes.

«La participation aux élections (...) est un devoir patriotique pour chaque citoyen serbe vivant au Kosovo», a affirmé le gouvernement de Belgrade.

Mais dans le nord du Kosovo, les électeurs ont voté en petit nombre, selon des journalistes de l'AFP.

Behlul Beqaj, professeur kosovar des sciences politiques à Pristina, estimait que la participation de la communauté serbe au scrutin était «importante» et aurait un «impact positif sur la mise en oeuvre de l'accord de Bruxelles».

La lutte contre la corruption endémique et le crime organisé seront les principaux défis à relever, quel que soit le nouvel exécutif kosovar.

Thaci «tente de prendre ses distances avec sa gouvernance passée lorsque la corruption a atteint des sommets», note l'analyste Lavdim Hamidi.

Au sein du Parlement sortant, le PDK de M. Thaçi ne comptait que 32 députés sur 120 et il gouvernait avec le soutien des minorités et de plusieurs petites formations.

Au Kosovo, l'un des pays les plus pauvres d'Europe, 47% de la population vit dans la pauvreté avec environ 120 $ par mois, alors que le salaire mensuel moyen est de 520 $.