Les Kosovars votaient dimanche dans des législatives anticipées, un test pour le premier ministre sortant Hachim Thaçi qui brigue un troisième mandat consécutif à la tête du gouvernement après avoir conduit cette jeune nation à l'indépendance de la Serbie en 2008.

L'un des principaux enjeux du scrutin est la participation de la minorité serbe, cruciale pour le rapprochement de Pristina avec l'UE.

À 5h00 (heure de Montréal) soit quatre heures après le début du vote, le taux de participation était de 9,4%, légèrement inférieur par rapport à celui enregistré lors des précédentes législatives de 2010.

Ancien chef de la guérilla indépendantiste reconverti dans la politique, M. Thaçi, 46 ans, se présente fragilisé par une mauvaise situation économique et un taux de chômage de 35% pour une population de 1,8 million d'habitants.

«Notre État est un nouveau pays européen avec d'importantes opportunités de développement que nous allons mettre au profit du peuple», a dit M. Thaçi après avoir voté.

Mais pour un votant retraité de Pristina, Nazmi Jashari, 66 ans, «le gouvernement n'a pas été à la hauteur de la tâche». «Nous devons le remplacer», a-t-il ajouté.

Dernièrement, M. Thaçi a certes ancré le Kosovo sur la voie du rapprochement avec l'Union européenne (UE) en oeuvrant à la conclusion, en avril 2013, d'un accord historique visant à l'amélioration des relations bilatérales avec la Serbie, sous la houlette de Bruxelles.

Pour autant, Belgrade refuse toujours de reconnaître l'indépendance du Kosovo, proclamée unilatéralement par la majorité albanaise.

La participation des quelque 120 000 Serbes kosovars à ce scrutin - surtout des 40 000 vivant dans le nord du territoire limitrophe de la Serbie, où ils sont majoritaires et où Pristina n'exerce pratiquement aucun contrôle - est cruciale pour le rapprochement de Pristina avec l'UE.

Dix sièges sont garantis aux Serbes au sein du Parlement kosovar qui en compte 120.

Le vote, un «devoir patriotique»

Pour sa part, le gouvernement serbe, qui a ouvert en janvier des négociations d'adhésion à l'UE, a exhorté la communauté serbe à se rendre aux urnes.

«La participation aux élections (...) est un devoir patriotique pour chaque citoyen serbe vivant au Kosovo», a affirmé le gouvernement de Belgrade dans un communiqué.

Mais dans le nord du Kosovo, les électeurs votaient en petit nombre, selon des journalistes de l'AFP.

«J'ai voté pour élire nos Serbes au Parlement du Kosovo, des députés qui feront notre politique, pas celle de Thaçi», a dit Dragojlo Simic, 73 ans, habitant dans la partie serbe de la ville ethniquement divisée de Kosovska Mitrovica.

Behlul Beqaj, professeur kosovar des sciences politiques à Pristina, estime que la participation de la communauté serbe au scrutin est «importante».

Leur participation aura «un impact positif sur la mise en oeuvre de l'accord de Bruxelles», fait-il valoir.

En l'absence de sondages fiables, les analystes estiment que les principaux favoris du scrutin sont le Parti démocratique du Kosovo (PDK) de M. Thaçi et le principal parti d'opposition, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), dirigée par l'ancien maire de Pristina, Isa Mustafa, 63 ans.

La lutte contre la corruption endémique et le crime organisé resteront les principaux défis à relever, quel que soit le nouvel exécutif kosovar.

Thaci «tente de prendre ses distances avec sa gouvernance passée lorsque la corruption avait atteint des sommets», note l'analyste Lavdim Hamidi.

Au sein du Parlement sortant, le PDK de M. Thaçi ne comptait que 32 des 120 députés et il gouvernait avec le soutien des minorités et de plusieurs petites formations.

Au Kosovo, l'un des pays les plus pauvres d'Europe, 47% de la population vit dans la pauvreté avec environ 80 euros par mois (120$ CAN), alors que le salaire mensuel moyen est de 350 euros (520$ CAN).