Deux manifestants kurdes sont décédés à l'hôpital peu après avoir été atteints samedi par des tirs au cours d'affrontements avec des soldats turcs dans le sud-est de la Turquie, a-t-on appris de source médicale.

Ramazan Baran, 24 ans, et Abdulbaki Akdemir, 50 ans, sont morts de blessures subies au cours de violents affrontements à Lice, dans la province à majorité kurde de Diyarbakir, entre les militaires et des Kurdes qui protestaient contre le projet du gouvernement de construire de nouveaux postes militaires dans la région.

Trois autres personnes, dont deux soldats, ont été blessées et hospitalisées, a-t-on indiqué de source médicale.

Les manifestants ont tiré sur les forces de sécurité, leur ont lancé des pierres et des fusées d'artifice, a rapporté un journaliste de l'AFP présent sur place.

Selon les déclarations de témoins à l'AFP, des soldats turcs auraient tiré à balles réelles.

La tension est vive à Lice où des manifestants bloquent une route depuis deux semaines pour protester contre la construction de nouveaux postes militaires dans cette région à majorité kurde.

Ces constructions sont perçues par les Kurdes comme une menace sur le processus de paix lancé en 2012 entre le gouvernement d'Ankara et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste par Ankara, l'Union européenne et les États-Unis.

Il y a quelques jours, six soldats qui tentaient de disperser des protestataires qui bloquaient la route ont été blessés par des tirs de manifestants.

Les discussions entre le gouvernement et le chef du PKK Abdullah Öcalan, qui purge une peine de prison à vie dans le nord-ouest de la Turquie, sont bloquées depuis des mois.

Le mouvement rebelle a décrété un cessez-le-feu unilatéral en mars 2013 et ordonné deux mois plus tard un retrait de ses combattants vers leurs bases du nord de l'Irak. Mais il a suspendu ce retrait en septembre 2013, reprochant au gouvernement de ne pas avoir tenu ses promesses d'accorder de nouveaux droits à la minorité kurde.

La perspective de l'élection présidentielle d'août prochain, à laquelle le premier ministre Recep Tayyip Erdogan devrait être candidat, a toutefois relancé ces dernières semaines les discussions en coulisse entre les deux parties.

Le conflit entre les forces gouvernementales turques et les rebelles du PKK a fait plus de 45 000 morts depuis 1984.