Les partis eurosceptiques ont fait d'importants gains dans plusieurs pays aux élections européennes de dimanche.

En France, le Front national de Marine Le Pen est arrivé en tête, avec 26 pour cent d'appuis, et 4,1 millions de voix. Le bureau du président français François Hollande a annoncé qu'il tiendrait des discussions urgentes avec ses principaux ministres, tôt lundi, dans une décision qualifiée de gestion de crise par plusieurs médias français.

Malgré les gains des eurosceptiques, les partis pro-Union Européenne semblaient demeurer les plus importants au Parlement européen. Les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) étaient en voie de remporter 211 sièges, un recul par rapport aux 274 qu'ils détenaient auparavant, mais un contingent leur permettant encore de représenter le groupe le plus important.

Du Portugal à la Finlande, les électeurs de 21 pays étaient appelés aux urnes dimanche afin de choisir le prochain Parlement européen, un exercice démocratique qui contribuera à déterminer l'avenir de l'Union européenne (UE).

Le Parlement européen a évalué que le taux de participation avait été supérieur à 2009, à 43,1 pour cent, renversant des années de déclin.

Selon les sondages, les candidats souhaitant réduire les pouvoirs de l'UE, mettre fin à la participation de leur pays ou carrément abolir l'organisation pourraient remporter jusqu'à un tiers des 751 sièges. Cela constituerait le plus important désaveu de l'institution depuis sa création.

Le Front national n'a pas été le seul parti à profiter de la désillusion à l'égard de l'Union européenne.

Si cette tendance eurosceptique se confirme dans d'autres pays, elle pourrait donner le coup d'envoi de changements importants dans les politiques de l'UE, notamment en ce qui concerne le contrôle des frontières à l'immigration et le nouveau traité sur les échanges commerciaux et les investissements avec les États-Unis.

Les électeurs de sept autres pays européens ont voté au cours des derniers jours. Les premiers résultats officiels, annoncés tard dimanche, montraient une hausse des appuis au Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), une formation anti-UE, qui obtiendrait environ 30 pour cent des appuis.

Au Danemark, le Parti populaire danois, décrit comme populiste et xénophobe, aurait fait passer son nombre de sièges à quatre, par rapport à un seul auparavant. Les sociaux-démocrates maintiendraient cinq sièges.

En Allemagne, un tout nouveau parti qui milite pour le retrait du pays de la zone euro aurait remporté 6,7 pour cent du vote.

Aux Pays-Bas, le Parti pour la liberté (PVV), une autre formation eurosceptique, serait toutefois passé de la deuxième à la quatrième place dans les sondages.

Même dans la victoire, l'unité pourrait échapper aux partis eurosceptiques. Mme Le Pen a dit qu'elle travaillerait au Parlement avec le Parti pour la liberté, mais le chef de l'UKIP, Nigel Farage, a déjà exclu toute coopération avec ces partis, qui disposent de plateformes fortement opposées à l'immigration.

«Nous ne travaillons pas avec les populistes de l'aile droite», a lui aussi déclaré le chef de l'Alternative pour l'Allemagne, Bernd Lucke, insistant sur le fait que son parti était généralement en faveur de l'Union européenne malgré son rejet de la monnaie unique.

En Suède, les élections européennes ont été marquées par l'arrivée d'un parti féministe pour la première fois à Bruxelles. Le Parti d'initiative féministe aurait récolté 7 pour cent des suffrages, selon des sondages effectués à la sortie des urnes. Ce parti s'en est directement pris aux mouvements de droite sur le Vieux Continent en scandant «Remplacez les racistes par des féministes!».

Le Parlement européen, qui compte 751 sièges, est la seule institution élue par la population des 28 États membres de l'UE.

On estime que le taux de participation général est quasiment identique à celui des dernières élections, en 2009, où il avait atteint 43,1 pour cent.

Impasse en Belgique

Outre les élections européennes, c'était aussi jour d'élections nationales en Belgique, dimanche, et le parti régionaliste N-VA a remporté une importante victoire en Flandre, tandis que la gauche demeurait forte en Wallonie, ouvrant la voie à des négociations gouvernementales auxquelles le petit royaume est déjà habitué.

«Notre pays compliqué est devenu encore plus compliqué», a déclaré le chef du N-VA, Bart de Wever, après des projections lui accordant 34 des 150 sièges au Parlement, un gain de sept sièges qui fait du parti la plus importante formation à l'échelle nationale.

Les socialistes francophones du premier ministre Elio Di Rupo devraient perdre un siège pour tomber à 25.

Les deux hommes, qui ne s'apprécient guère, seront vraisemblablement forcés de collaborer pour former une nouvelle coalition. Les dernières négociations du genre ont nécessité 541 jours de tractations, provoquant une crise sans précédent.