Le pape Paul VI, à la tête de l'Église catholique de 1963 à 1978 et qui l'a gouvernée dans la période difficile de l'après-Concile Vatican II, sera béatifié à la fin du Synode des évêques en octobre, a-t-on appris mardi de source proche du dossier.

Le Vatican n'a pour l'instant pas officiellement confirmé cette information, jugée probable depuis quelques semaines, le pape François citant souvent son prédécesseur italien comme l'une de ses références.

Selon l'agence de presse italienne Ansa, la guérison inexpliquée d'un foetus, attribuée à l'intercession du pape Paul VI, a été confirmée par la Congrégation pour la cause des Saints comme un miracle permettant sa béatification.

Homme d'avant Vatican II, un moment bras droit de Pie XII, Giovanni Battista Montini, né en 1897, est devenu pontife au sixième tour de scrutin lors du consistoire de juin 1963 sous le nom de Paul VI, après la mort de Jean XXIII en 1963.

C'est lui qui a mené à son terme Vatican II (1962/65), initié par son prédécesseur. Un concile «oecuménique» qui a ouvert l'Église catholique aux autres religions et à la société.

Il en sera le principal artisan, et c'est de ce travail considérable que le pape italien est remercié par François, qui, comme prêtre, a été formé par la pensée de ce même Concile.

Paul VI fut le premier pape à parler de la paix à la tribune des Nations unies en octobre 1965, et aussi à entreprendre des voyages planétaires.

Il s'est rendu à Jérusalem en 1964 avec le patriarche de Constantinople Athénagoras, puis en Inde, au Portugal, en Turquie, en Colombie, en Suisse, en Ouganda.

Son dernier périple l'avait conduit en Asie Orientale, Océanie et Australie en 1970: Téhéran, Dacca, Manille --où il échappe à un attentat perpétré par un déséquilibré--, Samoa occidentales, Sydney, Djakarta, Hong Kong, Colombo.

Le pape italien, à l'image frêle, à la santé chancelante, a dû gérer les divisions profondes de l'Eglise à la suite du Concile, dans l'ère de mai 68: contestations d'extrême gauche et d'extrême droite, départ massif d'une partie du clergé, mise en cause des dogmes, critiques de toutes parts, etc.

Il a aussi été rendu impopulaire par l'encyclique «Humanae Vitae» en 1968 qui recommandait aux catholiques de ne pas recourir à la pilule. Le sujet avait été très disputé par les théologiens, beaucoup étant favorables à une libéralisation.

En mars, dans le quotidien Corriere della Sera, le pape François avait salué à ce sujet «le courage» que Paul VI avait montré à «s'opposer au néo-mathusianisme présent et futur».

Le pape italien vécut très douloureusement la  crise post-conciliaire et les convulsions que connut l'Italie lors des années de plomb du terrorisme d'extrême droite et d'extrême gauche. Il était l'ami personnel d'Aldo Moro, le dirigeant de la Démocratie chrétienne assassiné en 1978 par les Brigades Rouges.

De tempérament réservé et angoissé, plus proche de Benoît XVI que de François, il est très souvent cité par ce dernier et son oeuvre est constamment réévaluée. Il se sera beaucoup mobilisé pour les questions internationales de la paix et du développement, préparant le terrain à Jean Paul II.

François pourrait lui rendre hommage lors de son voyage en Terre sainte, quand il commémorera le  26 mai à Jérusalem son pèlerinage commun avec Athénagoras, patriarche orthodoxe de Constantinople, cinquante ans après.

Le 27 avril, les papes Jean Paul II et Jean XXIII ont été canonisés au cours d'une cérémonie présidée par François place Saint-Pierre.