Deux hommes, dont un médecin, ont été inculpés en Angleterre pour mutilation sexuelle féminine, une première depuis l'entrée en vigueur en 1985 d'une loi criminalisant cette pratique, a annoncé le parquet vendredi.

«Un médecin de l'hôpital Whittington à Londres est soupçonné d'avoir pratiqué une mutilation génitale sur une patiente qui venait d'accoucher en novembre 2012 et qui avait déjà subi une mutilation antérieure. Il est aussi soupçonné d'avoir pratiqué cette première mutilation», selon un communiqué du parquet.

«J'ai estimé qu'il y avait suffisamment de preuves et qu'il était dans l'intérêt du public de poursuivre Dr Dhanoun Dharmasena pour infraction» à la loi sur les mutilations sexuelles féminines, a déclaré la représentante du parquet, Alison Saunders, dans un communiqué.

Un autre homme, Hasan Mohamed - qui ne travaille pas dans le milieu médical et dont le lien avec la patiente n'a pas pas été précisé - sera lui poursuivi pour incitation à la mutilation.

Les deux hommes doivent comparaître devant un tribunal londonien à Londres, le 15 avril.

Les mutilations sexuelles féminines sont illégales depuis 1985 en Angleterre et au Pays de Galles, mais personne n'avait jusqu'à présent été inculpé.

La loi a été étendue en 2003 aux Britanniques et résidents permanents qui pratiquent ces mutilations ou cherchent à les faire pratiquer à l'étranger, y compris dans les pays où cette coutume est légale.

La peine maximale encourue en Angleterre est de 14 ans de prison.

Les mutilations génitales féminines impliquent toutes les interventions consistant à enlever totalement ou partiellement les organes génitaux externes de la femme pour des raisons culturelles ou religieuses. Parmi ces mutilations figurent l'excision (ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres) et l'infibulation (rétrécissement de l'orifice vaginal par la création d'une fermeture).

Elles peuvent provoquer de graves hémorragies et des problèmes urinaires, et par la suite des kystes, des infections, la stérilité, des complications lors de l'accouchement, et accroître le risque de décès du nouveau-né.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 125 millions de jeunes filles et de femmes sont victimes de mutilations sexuelles dans 29 pays africains et du Moyen-Orient, où ces pratiques sont concentrées. Cette pratique, généralement sur de jeunes filles entre l'enfance et l'âge de 15 ans, s'est étendue aux pays occidentaux en raison des flux migratoires.

Selon le ministère britannique de la Santé, environ 66 000 femmes ont subi des mutilations génitales en Angleterre et au Pays de Galles et 23 000 jeunes filles de moins de 15 ans risquent chaque année d'être excisées. Début février, le gouvernement avait annoncé l'obligation pour les hôpitaux britanniques de répertorier les cas de patientes ayant subi une mutilation sexuelle.